«Ça ressemble à Facebook», «On dirait Twitter», «Il y a un petit côté Tinder». Les utilisateurs de LinkedIn ayant mis à jour leur appli ces derniers jours auront rapidement dressé ce constat: avec sa version 9.0.0, le réseau social professionnel s’est rapproché de ses copains au niveau du look, des fonctionnalités, de «l’expérience mobile» globale. La première impression étant que ça respire, enfin. L’austérité de l’ancienne app a donné place à la clarté et à l’intuitivité.
En bas de l’écran: une barre de cinq onglets. Accueil, Moi, Messagerie, Mon réseau, et Rechercher. En haut de la homepage: les boutons Partager et Photo. Les possibilités d’interactions sont clairement boostées, la nouvelle interface pousse à la réactivité. «Les plateformes de discussions instantanées vont devenir le centre de tout, analyse Blaise Reymondin, spécialiste en marketing digital. On voit bien le virage opéré depuis les origines de LinkedIn. A la base, c’était un club de réseautage virtuel. Maintenant c’est un média. C’est d’ailleurs le premier média professionnel dans le monde.»
Effet Tinder
Pour Vincent Bifrare, directeur de Mondays.ch et spécialiste en réseaux sociaux, cette version représente un bond en avant. «C’est visuellement épuré, beaucoup plus compréhensible. L’expérience utilisateurs est semblable à celle de Facebook. Normal, Facebook étant leader, il guide la concurrence dans le chemin à emprunter.»
Pour certaines fonctions, LinkedIn s’est aussi inspiré de l’app de rencontre Tinder. Sous l’onglet «mon réseau» apparaît à chaque ouverture le «briefing du jour de votre réseau». On y trouve les dernières nouvelles de ses contacts, comme les anniversaires ou les jobs fraîchement décrochés. On peut alors «swiper» de droite à gauche ou de gauche à droite avec son doigt quand on veut passer à l’info suivante, comme sur Tinder lorsque l’on souhaite faire disparaître de notre vue un profil peu engageant.
A vouloir créer une interface qui s’apparente trop aux réseaux non professionnels, LinkedIn ne risque-t-il pas de perdre une partie de ses quelque 400 millions d’abonnés? «Je sens qu’il y a une perte de valeur et de crédibilité dans ce que pouvait être un vrai réseau professionnel. Ils prennent le risque d’être étouffés sous une avalanche de signaux, ce dont souffre Twitter aujourd’hui car rien n’est trié. Cela dit, LinkedIn a un algorithme comme Facebook, donc ils vont nous livrer l’information la plus pertinente selon notre environnement socio-professionnel.»
Fin du narcissisme
Parmi les remarques négatives: la disparition du classement qui permettait aux utilisateurs les plus compétitifs (et narcissiques?) de voir où se situait leur cote de popularité par rapport à celle de leurs collègues directs ou relations pro. Le niveau de popularité se mesurant donc grâce au nombre de visites de son profil. «Personnellement, je ne l’utilisais pas, commente Vincent Bifrare. Je remarque que les gens utilisent principalement les fonctions de base, et qu’une bonne partie de la communauté ne remarquera même pas ce changement.» A noter que les modifications se font parfois en plusieurs étapes. Certaines fonctions seront peut-être réintégrées dans un deuxième temps. «J’ai quand même l’impression que c’est encore un gros chantier, souligne Blaise Reymondin. Mais tout va finir par se lisser.»
Dans l’ensemble donc, une impression d’évolution plutôt positive, même si LinkedIn n’a rien inventé. Le réseau professionnel s’est simplement emparé de réflexes à la mode pour offrir enfin une véritable expérience mobile.