Pour les sériephiles, c’était un rendez-vous immanquable: sur TSR1 depuis mardi, la 5e saison de Lost, le feuilleton TV américain créé par J. J. Abrams, Damon Lindelof et Jeffrey Lieber, diffusé en Suisse depuis 2005.

Rappelons avec Wikipédia que Lost raconte la survie des rescapés du crash du vol 815 d’Oceanic Airlines sur une île mystérieuse.Les personnages principaux ont chacun un lourd passé, que les scénaristes révèlent par des flash-back savamment distillés. L’intrigue peut être décrite par ces trois fils conducteurs: la trame principale, avec la vie quotidienne des personnages sur l’île; une trame secondaire, avec le récit du passé ou du futur des personnages (par des flash-back ou des flashforwards), qui nous éclaire sur leurs comportements présents ou sur le résultat d’un tel comportement; une trame «scientifique» sur l’île elle-même, construite autour d’éléments fantastico-mythologiques et d’affrontement entre diverses organisations mystérieuses pour prendre le contrôle des lieux, sur fond de complot. D’ailleurs, le téléspectateur est «condamné à ne rater aucune seconde de la série sous peine de perdre le fil», dramatise un peu exagérément l’e-magazine Masculin.com.

Saison 5, donc. Précédée d’une réputation d’enfer sur le Net, comme étant la meilleure, la plus aboutie. Premier constat: l’île se déplace dans l’espace-temps, c’est ce qu’on a appris mardi soir. Les aficionados apprécient. Ils l’expriment sur Internet, où les séries TV donnent généralement lieu à des millions de commentaires. Générique(s), le meilleur journal francophone spécialisé dans ce domaine, le seul sérieux et adulte, en a fait une petite avant-première: «Le cinquième volet de Lost apporte, comme d’habitude, son lot de réponses… et de questions. […] Sur l’excellente lancée de la quatrième saison, ces nouveaux épisodes offrent quelques beaux moments d’improbable, d’action et de suspense. Impossible d’en dire trop sans gâcher le plaisir. […] Les survivants [sont] coincés dans un univers totalement improbable, fantastique, dont tout le fonctionnement semble tenir en un mot – le mot clé de la série: temporalité. On ne comprend pas tout ce que [les scénaristes-producteurs] ont concocté ici, mais l’essentiel est lisible, et l’habituelle dose d’embrouille du scénario vaut son pesant d’or. […] [S’ils] parviennent à ne pas nous égarer entre présent et futur – des notions ici de moins en moins claires – la cinquième livraison de Lost pourrait être grande.»

Mais il est déjà grand, ce nouveau prodige, imaginé à la base par J. J. Abrams, dont Générique(s) a aussi brossé le portrait en 2006: «Un gamin de 40 ans qui aime balader ses jouets dorés, les jeter dans des histoires impossibles, les ressusciter dix fois pour mieux les replonger dans de nouvelles aventures. Un type […] capable de faire de ses fantasmes d’enfant des bombes télévisuelles.»

Côté blogs & Co, Lostpedia est une encyclopédie sur la série, revendiquée comme telle, où l’on trouvera une interview des producteurs et scénariste Damon Lindelof et Carlton Cuse, évoquant la saison 5. Cette page transcrit les échanges qui ont eu lieu au Grand Rex à Paris le 25 avril 2009 lors de l’événement Lost à Paris, dans le cadre du Festival Jules-Verne, qui dit bien le degré de prise de tête que suscite l’île.

La Tribune de Genève ne s’y est pas trompée, en évoquant ces aventures «pas piquées des hannetons, qui feront passer le «Je suis ton père» de La Guerre des étoiles pour une aimable plaisanterie. Encore heureux que les sauts temporels finissent par se calmer. Car sans cela, on n’aurait pas donné cher de notre santé mentale». Qui va encore devoir subir quelques épreuves jusqu’à la fin de l’ultime saison, la sixième, dont Matthew Fox, un des acteurs principaux (Jack, le médecin), livre à Télérama quelques pistes alléchantes: «De par son intrigue, ce show ne pouvait pas continuer éternellement. Il fallait un dénouement, une explication. Nous l’avons désormais.»

Elle «sera puissante, triste et magnifique à la fois», cette fin, dit encore Matthew Fox à 20 Minutes, où l’on peut voir la bande-annonce de cette pénultième saison. Mais «de là à savoir si les adeptes seront contents… On ne peut pas satisfaire tout le monde de toute façon. Ce qui est sûr, c’est que toutes les pièces du puzzle vont s’emboîter». Comment? That’s the question .