Un jour, une idée
Répartis partout en Suisse, les réfrigérateurs publics de cette association permettent de partager des denrées alimentaires encore consommables pour éviter qu’elles ne finissent à la poubelle

Quel est le point commun entre Les Paccots, Reverolle, Romont, Lausanne, Fribourg et Epalinges? Ces villes ou villages romands ont d’ores et déjà été équipés d’un ou de plusieurs réfrigérateurs publics destinés au partage de denrées alimentaires. Un projet lancé par l’association lucernoise Madame Frigo, créée en 2014 par quatre étudiantes et étudiants, dont le rayon d’action s’étend dans les zones résidentielles à travers la Suisse depuis l’été 2018. Ces contenants collectifs sont accessibles gratuitement, 24h/24. Chacun peut y déposer son surplus de fruits, de légumes, de pain (dans une section tempérée) et d’aliments fermés, ou emporter ce qui y a été déposé. «En juin, nous avons franchi une étape importante avec l’installation du 100e réfrigérateur, se réjouit Marilen Zosso, directrice de Madame Frigo. Grâce au réseau, 150 tonnes de nourriture ont été sauvées l’année dernière avec environ 1 million de visites.» Plus de 400 bénévoles assurent l’entretien et l’hygiène des appareils. L’organisation bénéficie du soutien de la marque Electrolux et de Migros Engagement, le fonds de soutien du groupe Migros.
Partager pour durer
Le concept s’adresse aux ménages privés qui, avec une part de 38%, sont les principales sources de gaspillage alimentaire en Suisse. Selon une étude de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) réalisée par Beretta et Hellweg en 2019 sur le gaspillage alimentaire en Suisse, environ 2,8 millions de tonnes de nourriture sont jetées chaque année. Cela correspond à 330 kg de déchets alimentaires par personne et par an. Et représente chaque année une perte d’en moyenne 600 francs par ménage.
Madame Frigo cible la Suisse, mais le problème est évidemment global: l’ONU a proclamé le 29 septembre Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages de nourriture (International Day of Awareness of Food Loss and Waste), pour attirer l’attention sur le plan d’action mondial contre le gaspillage alimentaire visant à réduire de moitié les pertes alimentaires évitables d’ici à 2030 par rapport à 2017. L’impact environnemental et les émissions de gaz à effet de serre de l’alimentation pourraient ainsi être réduits de 10 à 15%.