Communication
AbonnéAlors que la guerre du Golfe baignait encore dans l’ère centralisée de la propagande télé, le conflit ukrainien a basculé dans l’influence numérique tous azimuts. Mais les mèmes ironiques et les vidéos de chorégraphies sur le champ de bataille ne risquent-ils pas de faire oublier le tragique de l’événement?

En 1991, dans une série de textes publiés par le journal Libération et regroupés par la suite dans le recueil La guerre du Golfe n’a pas eu lieu (Ed. Galilée), le sociologue Jean Baudrillard annonçait le décès clinique de l’affrontement militaire sous sa forme traditionnelle. Nous «sommes assignés au simulacre de la guerre», écrivait-il, ajoutant: «Le drame réel, la guerre réelle, nous n’en avons plus ni le goût ni le besoin. Ce qu’il nous faut, c’est la saveur aphrodisiaque de la multiplication du faux, de l’hallucination de la violence.»