Publicité

Moteur. La Renault Clio V6, première voiture Viagra, par Henri Plouïdy

Que Dieu me pardonne. Et les arbres, les fleurs et les moustiques aussi.

Que Dieu me pardonne. Et les arbres, les fleurs et les moustiques aussi. La Clio Renault Sport V6 et ses 230 ch est une voiture Viagra, comme on dit entre membres du bâtiment. Même si les 17 cm de largeur supplémentaires, les deux énormes bouches d'air derrière chacune des portes et les monstres roues à rayons sont présents pour servir le surcroît de puissance, il n'en reste pas moins que la gueule de la petite française fait tout d'un coup presque trop mâle. Les bébés qui se sont offert une Clio Williams de la génération précédente, dans un accès d'hormones mâles, m'applaudissaient aux carrefours et me mataient aux feux, me persuadant une fois pour toutes que ce qui plaît le plus aux garçons, c'est bien l'exubérance de puissance. Sous le capot.

A la première manœuvre, il apparaît qu'il vaut mieux posséder les chromosomes XY pour manier le volant. Légèrement assistée pour privilégier la sensation de toucher de route, la Clio V6 demande une certaine force et ne braque pratiquement pas. Allez donc essayer de loger des pneus de 205, sur des jantes de 17 pouces, dans les cages de roue de l'une des petites voitures les plus populaires d'Europe…

Reste que tous ces aménagements de brute sont la source d'une joie intense au volant, et pour une fois je passerai comme chat sur braise sur la consommation invraisemblable de 16,7 l aux cent. Car, n'en déplaise aux journalistes auto français qui ont trouvé que la voiture était au mieux sous-motorisée et au pire incontrôlable, il est impossible de conduire ce petit monstre calmement. Le moteur 3 litres ,

24 soupapes, bodybuildé par l'équipe de Renault Sport à Dieppe, prend la place des sièges arrière et la plus grande partie du coffre. Il émet un feulement rauque, très viril, au ralenti, comme une complainte pour qu'on le cravache avec constance. Patience mon trésor, je suis le Prince charmant et je suis là pour te libérer. La voiture abat donc le 0 à 100 en 6,4 s, peut atteindre une vitesse de 235 km/h mais surtout avec son incroyable compacité elle se pilote des bras et des fesses uniquement. Seul l'ABS apporte une touche de Sécurité Routière. En accélération et dans les virages, le pilote est seul maître à bord. Quelle responsabilité, comme l'indique judicieusement l'argumentaire de vente de la voiture. Sur chaussée détrempée, on peut faire un soleil en deuxième vitesse, comportement typique des petites voitures à moteur central. Sur le sec, on peut aussi s'amuser à tondre les terre-pleins au milieu des giratoires, en y mettant la mauvaise volonté adéquate. Mais lorsqu'on l'a dans la peau, et qu'on est conscient que la brute doit être domptée à tout prix, qu'est-ce qu'on s'amuse!

Aucune petite voiture de sport ne peut sans doute offrir de telles sensations. Construite à la main en Suède, chez Tom Walkinshaw Racing (TWR), la production de la Clio V6 prévue cette année est déjà entièrement vendue. Proposée à 51 500 francs, cela devrait laisser le temps de faire quelques économies.