J'ose espérer que, pour toi et tes sœurs, je ne suis plus le terrible père fouettard à qui il suffisait de hausser la voix pour être obéi et compris.
Il est très rare qu'un patriarche doive s'occuper des détails vestimentaires ou intimes de ses filles. Son rôle, c'est l'exemple par le travail, la sécurité par la présence. L'autorité de mâle dominant n'est que pure imagination de la gente féminine. J'ai connu le vrai patriarcat. Invité à dîner chez grand-père de Suen, on ne s'asseyait à table qu'après le Bénédicité, la prière avant le repas, et l'on ne commençait à manger que lorsque le patriarche avait servi tout le monde. Silence compris.
Avec ce même grand-père, j'ai retenu que le plus grave péché qu'un homme pouvait commettre, c'était montrer le mauvais exemple. Cette pensée m'a influencé dans toutes mes décisions. La liberté, ce n'est pas le droit de vote, la liberté, c'est agir selon son cœur et ses sentiments, et grand-maman ne le savait que trop bien. Dis à tes amis que les machos de Mase n'existent plus et n'ont existé que dans leur imagination. Ajoute-leur aussi que nous avons été une des seules communes à dire oui au vote des femmes à la première consultation, en 1959. J'avais reçu des félicitations d'une cousine de Sion qui était fière de sa commune d'origine.
Maman t'embrasse aussi.