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Mots croisés (8/8). La réponse du père de Manuella Maury

Mots croisés (8/8)

Je peux me vanter d'avoir accompli toute ma scolarité dans une haute école: l'E.P.M. (Ecole Primaire Mase à 1350?m). Ma vie d'écolier débuta le 2?novembre 1941 pour se terminer le 30?avril 1950 par l'examen d'émancipation, épreuve redoutée des garçons mais pas des filles qui n'étaient pas soumises à ce supplice. Les filles n'étaient pas destinées aux études.

La classe débutait et se terminait par la prière. C'est sous la protection divine que s'exerçait le calvaire des questions réponses. Pendant six mois, tous les jours à l'exception des jeudis après-midi et des dimanches, on remettait l'ouvrage sur le métier. Si mon décompte est juste, à raison de 132 heures par mois, après neuf scolarités consécutives, on affichait l'impressionnant total de 7128 heures, à apprendre par cœur Morgarten, la guerre des paysans, l'histoire du Gros – Bellet, la soupe de Kappell et réciter les rivières et montagnes du Valais.

«Monsieur le régent», comme on le saluait, était un homme au village. De petite taille, l'air sévère et imposant, Napoléon au meilleur de son règne, tenue complet, chemise blanche, cravate et des yeux revolers qui nous fusillaient à chaque bévue. Je me souviens d'avoir entendu de grands garçons lui demander pardon.

Chaque fin de mois nous recevions le «livret scolaire», «passeport pour l'avenir». Moment redouté. Les mauvaises notes étaient saluées par la fessée paternelle. Aujourd'hui la loi envoie les parents trop sévères en prison pour protéger les enfants. Je ne crois pas que les affaires se passent mieux.

Pour ma part en souhaitant bon vent à tous les enseignants et à tous les élèves pour cette nouvelle année scolaire, je prends congé des lecteurs du Temps. J'espère que nos mots croisés leur ont plu et rappelé à leurs bons souvenirs quelques séquences de leur existence.

Bien à toi, avec maman, on t'embrasse.