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Les mythes entêtants du Summer of Love

Notre chroniqueuse raconte ses galères et ses couacs de la belle saison. Par exemple quand on vomit sa bile sous 38 degrés en attendant la mort

La Booze Cruise, un défouloir qui se paie ensuite. — © Youtube.com
La Booze Cruise, un défouloir qui se paie ensuite. — © Youtube.com

«Sortez de votre esprit et entrez dans vos sens.» Ces mots du pape du LSD Timothy Leary lancés l’été 1967 devant 100 000 jeunes réunis à San Francisco inauguraient une expérience utopique à base d’amour libre et de drogues récréatives. L’utopie eut beau s’achever par un viol, beaucoup continuent de nommer cet été-là le «Summer of Love».

Il faut dire que la saison chaude véhicule un mythe aussi entêtant que le parfum du jasmin au fond d’une ruelle andalouse en août; l’explosion des sens. Sur la Côte d’Azur, on propose donc des cocktails qui s’appellent «sex on the beach» et même «porn star». A Zante, en Grèce, on peut s’offrir une croisière baptisée SunsetBooze Cruise. Le principe? S’étourdir sur un bateau qui cabote; le rituel veut que les filles finissent nues, pendant que des garçons visent leurs bouches avec des pistolets à eau remplis d’alcools forts. Les plus téméraires s’immortalisent en brandissant des pancartes gentiment prêtées par les organisateurs avec des slogans du type: «J’ai perdu ma dignité sur la croisière de la soif.»

Le carrelage, c’est plus frais

J’avoue, j’ai aussi raffolé de l’ivresse estivale. Enchaîné les vodka tonics après plusieurs ouzos, malgré les recommandations locales: l’ouzo, ça ne va avec rien. Mais dans la nuit chaude, célébrer les sens exaltés par l’été semble toujours une bonne idée. Au petit matin, on retrouve son amoureux recroquevillé en slip dans un couloir d’hôtel parce que du fond de sa brume voluptueuse, il a trouvé le carrelage plus frais que le lit. Et l’on doute de ses choix sentimentaux.

Ou alors on vomit sa bile sous 38 degrés en attendant la mort. D’ailleurs elle survient, sous la forme d’un SMS informant qu’un ami, grisé lui aussi par l’été, a raté un virage sur une route de montagne corse, en sortant de boîte. A ce moment-là, on sirotait justement un cocktail devant le coucher du soleil en trouvant le slogan de Timothy Leary parfait.

La précédente chronique: Demain, on visite Olympie. Et puis après tout, non