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Nachbar. Trop, c'est trop

Nachbar.

Il y a des êtres humains qui ne se trouvent jamais aussi à l'aise que dans des foules gigantesques sur une place publique, dans un stade ou sur une plage, entourés par des milliers ou des dizaines de milliers d'autres personnes. L'homme est un animal grégaire.

Parfois, ça peut être drôle, mais cette tendance au regroupement n'est pas exactement ce que je préfère. Je m'en suis rendu compte une nouvelle fois il y a quelques jours lors d'une visite à Rome. Comment peut-on aller à Rome, vous demandez-vous, au moment où tout le monde y va - comme on va à Paris à Pâques ou à Londres en décembre pour le Christmas shopping. J'avoue être coupable d'un manque de discernement.

Rome est une ville fascinante, fantastique, merveilleuse, animée... est c'est précisément son problème. Elle attire tout simplement trop de monde. Trop d'Américains, trop d'Allemands, trop de Japonais, de Néerlandais, de Britanniques et trop de Suisses. Et comme tous les employés qui travaillent dans le secteur touristique - dans le cas de la Ville éternelle, il s'agit d'une industrie - connaissent cette évidence, les efforts fournis pour séduire les visiteurs sont minimes. Il est incroyable de constater à quelle échelle il existe des restaurants avec une cuisine lamentable, un service aléatoire et souvent rude. Des marchands impertinents, des patrons arrogants, des employés qui trichent, des hôtels avec plusieurs étoiles qui n'en mériteraient pas une seule.

Pour 200 euros, on peut facilement se retrouver dans un trou. Bien évidemment, il y a des exceptions, des endroits où l'on est à l'aise, où l'on dort et mange bien, où l'on se sent le bienvenu, parfois même à des prix raisonnables, où l'on rencontre des gens corrects sinon chaleureux, même dans le tourisme. On tombe aussi parfois sur des piazzas tranquilles.

Mais ce sont des exceptions. Et en tant que Suisse, on peut se poser la question de savoir pourquoi on déprécie tant le secteur touristique dans notre pays, pourquoi on critique sans cesse le rapport qualité-prix chez nous, quand il y a bien pire à Rome.

Et il n'y a pas le moindre espoir de voir cette situation s'améliorer. Une statistique et une estimation qui viennent d'être publiées indiquent qu'actuellement 760 millions de personnes font des voyages en tant que touristes. Un chiffre énorme, mais modeste par rapport à ce qui nous attend dans quinze ans. A ce moment-là, nous serons deux milliards à partir en vacances chaque année. De nouveaux pays s'ouvrent au tourisme, de nouvelles couches de la population commencent à avoir accès à ce loisir. Et comme le nombre d'endroits aussi fascinants que Rome, New York, Paris, les Alpes ou la Riviera est limité, tous les nouveaux venus vont s'y précipiter, car ces lieux présentent l'inconvénient d'être trop beaux.

Comme dit le proverbe: tous les chemins mènent à Rome. Tous - et c'est manifestement trop.