Même nos ministres donnent une image sportive. La randonnée en montagne, c'est bien le minimum qu'un politicien puisse faire. Par exemple, le maire de Zurich, Elmar Ledergerber, se dépense trop. D'abord, il a subi un accident de vélo il y a cinq ans. Ensuite, il y a un an et demi, il a donné le coup d'envoi à la Fête de Zurich avec des béquilles, après un nouvel accident de sport. Et cet hiver, il s'est déchiré une fibre musculaire en jouant au badminton. Un malheur qui n'aurait jamais pu arriver à l'ancien conseiller fédéral Ernst Brugger, amateur de chemins de fer miniatures. Ou aux magistrats jouant avec des soldats de plomb.
Les politiciens envahissent les salles d'entraînement physique. Il me semble qu'Adolf Ogi a donné le signal de départ. Nos managers sont encore plus forts. Du nouveau chef de Swisscom, Carsten Schloter, on a appris ces jours qu'il fait au moins une heure et demie de sport chaque matin. Il n'est pas le seul. Nombreux sont les hommes et les femmes chargés de lourdes responsabilités qui se prescrivent à eux-mêmes des tortures corporelles.
En calculant l'investissement temporel nécessaire pour ce genre d'activités, en y ajoutant des journées de travail de douze heures, plus quelques heures pour le sommeil et des moments pour la famille, on ne peut éviter de se poser la question suivante: que font-ils d'autre? Leur arrive-t-il de lire un roman, de la poésie? Vont-ils parfois au cinéma ou au théâtre, pas seulement pour être vu, mais par intérêt véritable? Vont-ils parfois se promener dans un parc? Autrement dit: font-ils des choses qui ne sont pas seulement utiles pour leur bien-être physique ou leur avancement professionnel, mais qui sont essentielles au développement de l'esprit? Comme Churchill qui, chaque matin, restait longtemps au lit, et prenait ensuite un bain en lisant des journaux et des livres? Et qui a respecté ce principe: «No sports!»?