Nov, la galerie des objets nouveaux
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Le petit espace de Carouge expose chez Rossana Orlandi à Milan la jeune garde du design suisse

Nov, la galerie carougeoise des objets nouveaux
Design Le petit espace expose à Milan la jeune garde du design suisse
L’arcade est planquée sur la rue Joseph-Girard à Carouge. Pas l’artère la plus passante de la cité Sarde, il faut bien le reconnaître. Son nom? Fixée à angle droit sur la rue, une plaque indique Nov. Nov comme nouveau, du moins on imagine. «C’est ça, mais en romanche», explique Nicole Chebeir Ragy, propriétaire de cet endroit qui fait à la fois galerie, lieu d’habitation et dit son attachement à la culture suisse. Mais on y reviendra.
Car derrière la petite salle d’exposition se cache une maison, un bâtiment insoupçonnable depuis l’extérieur qui monte sur deux niveaux. Une verrière zénithale éclaire l’ancienne cour intérieure qui sert désormais de pièce de réception. Un couple de fauteuils Harry Bertoia et un lampadaire Arco d’Achille Castiglioni annoncent la couleur. Ici on cultive l’esprit contemporain. Ce qui n’a pas toujours été le cas. «Avant, un antiquaire y tenait son magasin. Le propriétaire suivant avait décidé de transformer la boutique en logement, mais n’a jamais achevé son projet. L’endroit est resté abandonné pendant des années, jusqu’à ce qu’on arrive et qu’on reprenne le chantier.»
La jeunesse dans le viseur
En septembre 2013, Nicole Chebeir Ragy inaugurait Nov Gallery. Son credo? Le design contemporain. Un projet courageux tant les lieux dédiés aux formes d’aujourd’hui sont rares dans la cité. D’autant que Nov ne s’intéresse qu’à la toute jeune garde de la création helvétique. «Je n’ai rien contre les grands noms, mais je préfère offrir de la visibilité à des designers qui en ont vraiment besoin. Pour moi, la Suisse est un grand pays du design qui s’ignore trop souvent. Les gens ont toujours l’impression que cela se passe à Paris, Londres ou Milan. Alors qu’ici le niveau est incroyable.» La galeriste sait de quoi elle parle. Dans une autre vie, elle chassait le style aux quatre coins du monde. Née au Liban, elle a grandi aux Etats-Unis où elle a longtemps travaillé à New York comme Fashion Director pour Saks Fifth Avenue et Bergdorf Goodman, bref pour le top luxe des grands magasins de Big Apple. «La mode, le design, l’art partagent la même culture et échangent les mêmes influences», observe celle qui puise chez Christophe Marchand son vivier de sang neuf. Fribourgeois établi à Zurich, l’un des designers phares du pays a créé en 2012 le Design Studio Renens, «un incubateur qui permet à des diplômés de l’ECAL de rebondir et de se lancer sur le marché». Comme Dimitri Bähler, Béatrice Durandard, Laurent Divorne ou encore Raphaël Lutz dont Nicole Chebeir Ragy exposera sous l’intitulé Craft Design les objets à Milan à l’occasion du Salon du meuble. Et pas n’importe où, chez Rossana Orlandi, 70 ans, la madone du design, celle qui a transformé une ancienne usine en labyrinthe dédié aux formes contemporaines: le point de chute branché de la Design Week. Au point de se demander comment la petite galerie carougeoise a décroché son ticket pour la Mecque. «J’ai eu de la chance. J’ai téléphoné en janvier, Rossana a vu ce que je faisais, a compris ma manière de travailler. Il se trouvait qu’elle avait une place à disposition en sous-sol.» Une salle underground mais qui, paraît-il, porte bonheur. «C’est là que Nacho Carbonell et Formafantasma ont démarré leurs carrières internationales.» De bons augures.
Nov Gallery, rue Joseph-Girard 4, Carouge (Genève), 079 245 10 87, www.novgallery.com et jusqu’au 19 avril chez Rossana Orlandi à Milan, www.rossanaorlandi.com
«Je n’ai rien contre les grands noms, mais je préfère offrir de la visibilité à des designers qui en ont besoin.»