Pardonner n’est pas généreux, pardonner est nécessaire
Après une agression traumatisante, on peut soit s’enfermer dans le ressentiment et «mourir à soi-même», soit gracier son agresseur et renaître à la vie. Il n’y a pas de demi-mesure, assure le psychologue Gustave-Nicolas Fischer
C’est l’histoire d’Izzeldin Abuelaish, un médecin palestinien habitant à Gaza et travaillant dans des hôpitaux israéliens. Un jour, ses trois filles sont tuées lors du bombardement de sa maison. A son retour, il trouve l’une d’elles à terre, décapitée, et aperçoit des bouts de son cerveau au plafond, des morceaux de ses mains et de ses pieds, au sol. Dans son livre Je ne haïrai point, le médecin écrit: «J’ai compris que je faisais face à deux possibilités: le chemin des ténèbres, c’est-à-dire celui de la haine – ce poison – et de la revanche. Ou le chemin de la lumière. Je me suis concentré sur mes enfants et j’ai choisi la lumière.»
On pourrait penser que ce médecin est un illuminé. Gustave-Nicolas Fischer, qui rapporte ce témoignage dans son ouvrage, corrige: «En réalité, cet homme milite simplement pour sa survie, car il a compris que conserver en soi la morsure du ressentiment le condamnait à une mort psychique. On ne peut pas s’en sortir en restant dans la haine», martèle à plusieurs reprises ce psychologue de la santé dans Pardonner. Guérir des blessures de la vie, essai qui vient de sortir aux Editions Odile Jacob.