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Les pesticides, ennemis du buveur?

En octobre 2013, une étude de la revue «Que choisir» montre que la quasi-totalité de 92 échantillons de vin français contenaient des pesticides. Dangereux pour la santé? Non, car très en-dessous du seuil de toxicité, rappelle notre chroniqueur Pierre-Emmanuel Buss

© David Wagnières
© David Wagnières

tout cru

Cachez ces pesticides que je ne saurais voir

Décidément, rien ne nous est épargné. Je suis tombé par hasard dimanche dernier sur une émission de France 5 dédiée aux sushis. Elle soulignait l’usage quasi exclusif de saumons d’élevage norvégien pour la confection des barquettes de supermarché, un business florissant. Problème: la chair de ces poissons élevés en batterie recèle des traces non négligeables d’antibiotiques, de pesticides et d’éthoxyquine, un neurotoxique.

Lundi, j’ai assisté à Changins à la présentation d’un livre sur les maladies fongiques de la vigne (LT du 29.04.2014). Un de ses auteurs, Olivier Viret, rappelait que, jusque dans les années 1950, les viticulteurs devaient lutter contre les attaques des champignons avec du soufre ou du cuivre, comme le font les vignerons «bio» aujourd’hui. La mise sur le marché d’antifongiques comme le Folpet, en 1961, leur a donné d’autres options. Aujourd’hui, il existe sur le marché suisse 120 produits pour lutter contre le seul mildiou.

Dégradés lors de la fermentation alcoolique, les produits de synthèse subsistent souvent dans le vin en quantités infinitésimales. En octobre 2013, une étude publiée par la revue française Que choisir a mis en évidence que la quasi-totalité de 92 échantillons de vins français contenaient des pesticides, avec jusqu’à 14 (!) molécules différentes dans le Mouton Cadet 2010. Des résultats comparables avaient été obtenus en 2008 lors d’une étude internationale: 100% des vins en agriculture conventionnelle étaient contaminés, avant tout par des fongicides.

Les vins les plus «chargés» en produits de synthèse étaient largement en dessous du seuil de toxicité, les fameuses LMR (limites maximales de résidus). Le vrai problème réside dans l’absence totale de transparence. Dans l’UE, il y a une LMR pour l’eau et le lait, mais pas pour le vin. Et donc aucun contrôle en la matière. La Suisse est plus stricte. La LMR pour le raisin de cuve est trois fois plus basse que dans l’UE et elle a fixé une LMR vin à 0,3 mg/l.

Dans ce contexte, le consommateur-buveur peut légitimement se poser des questions. Calculé selon le profil toxicologique de chaque produit, le risque sanitaire ne tient en effet pas compte des effets cumulés des molécules entre elles – comme un repas avec du saumon d’élevage norvégien et un graves blanc 2011, au-dessus des normes suisses selon l’étude de Que choisir. Mon conseil: buvez suisse, bio, biodynamique ou tout à la fois. Et oubliez les sushis bon marché.