Edith Piaf n’en avait peut-être pas conscience, mais ce qui lui faisait voir la vie en rose quand «il» la prenait dans ses bras et qu’il lui parlait tout bas, c’était un shoot de Phényléthylamine (PEA) ou une libération massive d’ocytocine.

Dans le processus d’une relation amoureuse, plusieurs types d’hormones se libèrent à différents moments. Lors du choc amoureux, notre cerveau produit une grande quantité de PEA, une hormone aussi addictive qu’une drogue, provoquant extase, euphorie et hyperactivité.

Grâce à elle, nous percevons notre nouveau partenaire comme un être parfait. Qui ne s’est pas dit «Incroyable! C’est LA personne idéale! Pas le moindre défaut!»… sans se douter que les qualités perçues au départ se transformeraient certainement un jour en défauts horripilants.

«La PEA altère la réalité, explique Anouk Truchot, thérapeute de couple et animatrice de stages Imago. Elle donne l’illusion qu’on ne fait qu’un, que l’on n’aura jamais de conflit. Lorsque la drogue diminue, la relation peut continuer à bien fonctionner, à condition de faire l’effort de poursuivre ce qui allait bien au départ et de mettre de la conscience sur les enjeux réels.»

Quand la dopamine prend le relais

La dopamine prend alors le relais, liée aux sentiments de plaisir et de besoin. «Cette hormone provoque une forte stimulation, que le cerveau va rechercher. Elle explique certains comportements amoureux irraisonnables comme les «rebonds» amoureux malgré des difficultés de relation ou une rupture, un peu comme la rechute des alcooliques souligne Patrik Vuilleumier, professeur dans le département des neurosciences de la faculté de médecine de Genève.

Avec l’ocytocine, la relation entre dans la stabilité, l’attachement à long terme. C’est elle qui fait que nous avons une tendance monogame (ou pas!). «La manipulation de cette hormone peut transformer une espèce monogame en une espèce polygame, indique le professeur Vuilleumier. C’est le cas pour les deux espèces de musaraignes. L’une est monogame, l’autre est polygame. Si on supprime les récepteurs d’ocytocine dans le cerveau de l’espèce monogame, elle devient polygame.»

Un spray pour la fidélité?

L’ocytocine est sécrétée chez la femme lors de l’accouchement (elle déclenche les contractions) et de l’allaitement (ce qui pourrait stimuler l’attachement au bébé), mais aussi lors des rapports sexuels. Elle est reproduite sous forme de spray nasal pour provoquer la montée de lait. Mais alors, peut-on aussi utiliser ce médicament en vente libre pour s’assurer l’attachement et la fidélité de son partenaire? Une petite giclée sur l’oreiller avant la nuit, ni vu ni connu? «Théoriquement oui» répond le professeur Vuilleumier. «A l’inverse, pour les cas de rupture difficile, on pourrait prescrire des antagonistes qui bloqueraient la douleur liée à la séparation. Cela fait partie des recherches scientifiques en cours.»

Pour influencer cette hormone de manière plus concrète et naturelle, il existe toutefois plusieurs méthodes. «Au fil des années, l’hormone d’attachement se renforce, précise Anouk Truchot. On se sent bien lorsque le système limbique est calme, quand l’autre fait que la relation est nourrie. Le sentiment de sécurité libère l’ocytocine. Notre petit jardin relationnel doit être jardiné! Certains ingrédients sont nécessaires pour aborder les enjeux plus douloureux révélés par la relation, que l’on tend à fuir.»

Les 5 langages de l’amour

Et la thérapeute de couple de mentionner «les 5 langages de l’amour», de Gary Chapman: ces actions qui font que l’on se sent aimé et en sécurité. Le contact physique, les paroles valorisantes, le temps de qualité passé avec l’autre, les cadeaux (si si!), et les services rendus (oui, changer les pneus de la voiture de son amoureux est une preuve d’amour).

«Un homme m’a dit un jour: «Si j’avais su pendant toutes ces années qu’il suffisait de passer l’aspirateur pour faire l’amour à ma femme!», confie Anouck Truchot. «Tout est chimie, conclut Patrik Vuilleumier. Et quand c’est le bon cocktail, c’est bien!»