Pérégrinations
AbonnéL’essor du voyage est allé de pair avec les conquêtes, et un goût prononcé pour l’exotisme. Cette notion est désormais largement remise en cause, à l’heure de la globalisation. Décryptage d’un désir d’ailleurs qui, à l’heure de la globalisation, a pris un gros coup de vieux

En 1891, Paul Gauguin décide d’aller peindre sur l’île de Tahiti, nouvelle colonie française, et confie son ambition au journaliste Jules Huret: «Je pars pour être tranquille, pour être débarrassé de l’influence de la civilisation. Je ne veux faire que de l’art simple; pour cela j’ai besoin de me retremper dans la nature vierge, de ne voir que des sauvages, de vivre leur vie.» Son discours est le reflet d’une époque où l’imaginaire exotique galope. «L’exotisme a d’abord été associé aux paradis des mers du Sud, et on le doit beaucoup à Gauguin ou à Robert Louis Stevenson, souligne Jean-Didier Urbain, anthropologue du tourisme.