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Le pilote du Boeing a tenté une manœuvre de retour à l'aéroport de Charm el-Cheikh

Retour sur le drame qui a fait 148 victimes dont 133 touristes français.

La station balnéaire de Charm el-Cheikh, actuellement la destination touristique la plus populaire d'Egypte, est en deuil. A 4 h 45, samedi matin, un Boeing 737 de Flash Airlines s'est écrasé en mer peu après son décollage, tuant 148 passagers, dont 133 touristes français, une ressortissante japonaise, une Marocaine, ainsi que 13 Egyptiens membres de l'équipage. La plupart des victimes venaient de passer les fêtes de fin d'année dans le cadre idyllique du Sud-Sinaï, un véritable paradis pour les plongeurs. Ils devaient regagner Paris sur le vol charter FSH 604 affrété par FRAM, un des principaux tours-opérateurs français.

A 900 mètres de profondeur

Dès l'annonce du crash, des bateaux de la marine égyptienne ainsi que des hélicoptères et avions de l'armée se sont mis à la recherche d'éventuels survivants. Jusqu'à dimanche soir, seuls des fragments de corps, non identifiables, avaient pu être repêchés. Quelques gilets de sauvetage, ainsi que des objets personnels, jouets et lambeaux de vêtements sont encore portés par les vagues sur des kilomètres à la ronde. Les autorités égyptiennes estiment que la carlingue de l'avion repose à environ 900 mètres de profondeur, à 11 km de la côte dans des eaux où vivent d'importantes populations de requins. Les marins égyptiens ont d'ailleurs surnommé cette région «domaine des requins». Dimanche, c'est un robot marin envoyé par la marine française qui fouillait les profondeurs pour tenter de récupérer la boîte noire de l'appareil et comprendre les raisons de ce drame.

D'emblée, les autorités égyptiennes ont exclu la thèse de l'attentat, deux témoins ayant observé l'avion intact au moment de l'impact. D'après les premiers éléments d'enquête, le pilote aurait eu un problème technique juste après le décollage et effectué une manœuvre de retour à l'aéroport. Les images radar montrent en effet un décollage normal, puis une manœuvre – normale aussi – vers la gauche suivie d'un redressement de l'appareil. Violemment secoué, l'avion vire ensuite à droite et plonge dans la mer.

Dès l'annonce du crash, une cellule de crise est mise en place à Roissy pour les familles. De nombreux enfants figurent parmi les victimes.

Au Caire, les familles des membres de l'équipage se pressaient, samedi, devant les bureaux de Flash Airlines pour obtenir la liste des disparus. En vain. C'est à l'aéroport que celle-ci sera révélée. A travers ses larmes, une hôtesse de l'air évoque sa collègue disparue: «Que puis-je vous dire d'elle sinon qu'elle s'appelait Pakinam et était ma meilleure amie depuis dix-sept ans. Elle avait deux enfants adorables. Elle n'a jamais fait de mal à personne.»

4 vols en 24 heures

Flash Airlines fait partie de Flash Tour, une agence de voyages égyptienne propriétaire d'une chaîne d'hôtels et de restaurants. Elle possède deux Boeing 727 – fabriqués en 1993 – achetés en 2000 et 2001 respectivement. L'entretien des appareils est effectué en Norvège. Le dernier contrôle n'aurait révélé aucune anomalie technique. Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui s'interrogent sur la fiabilité des petites compagnies privées de charters. Actuellement en Egypte, la saison touristique bat son plein et tous les avions disponibles sont utilisés pour le transport de touristes. L'avion de Flash Air avait d'ailleurs effectué 4 vols en 24 heures. Les déclarations de l'Office fédéral de l'aviation civile, qui a interdit en Suisse l'atterrissage et le survol des appareils Flash Airlines jugés non conformes aux normes suisses lors d'un contrôle surprise ont suscité beaucoup d'inquiétudes dans les milieux égyptiens de l'aviation civile. Un porte-parole d'Egyptair a pris soin, dimanche, de souligner que la compagnie Flash Air n'a aucun lien avec la compagnie nationale égyptienne. Un pilote d'Egyptair, sous le couvert de l'anonymat, a exprimé ses doutes sur la quelque dizaine de compagnies privées égyptiennes: «Ce sont souvent de petites compagnies, avec peu de capitaux. Elles achètent des avions bon marché et n'ont pas les moyens financiers nécessaires pour les entretenir correctement.»

Le drame de Charm el-Cheikh ne portera certainement pas à l'industrie touristique égyptienne le coup fatal provoqué, en 1997, par l'attentat de Louxor. Mais il y aura certainement, de la part des agences de voyages étrangères, une réticence à utiliser des vols charter privés. Dure leçon pour le Ministère égyptien de l'aviation civile, qui porte la responsabilité de l'octroi de licences.