Jusqu'au samedi 5 août, Montréal est l'hôte des premiers Outgames, les Jeux olympiques gais. Il s'agit d'une manifestation alternative aux GayGames - aussi des Jeux olympiques gais -, qui eux existent depuis plus de vingt ans et viennent de se terminer à Chicago.

Explication: Montréal s'était portée candidate pour accueillir les Jeux, mais n'a pas été retenue. La ville a donc décidé de créer ses propres olympiades gaies.

Plus de 12000 athlètes et 200000 visiteurs ont assisté à l'événement. Mais la nouveauté est surtout dans l'accueil et les infrastructures des Jeux. Car les sportifs et les spectateurs transsexuels exigent d'être fouillés à la fois par un homme et par une femme.

A quelques centaines de mètres du Vieux-Montréal, au square Viger, la communauté gaie, lesbienne et transsexuelle a installé des dizaines de stands de babioles à l'effigie des Outgames. Un colosse barbu et maniéré, T-shirt et casquette aux couleurs des Jeux gais, inspecte le sac à dos d'un transsexuel, puis le vigile le laisse entrer sur le site.

Les fouilles ne se déroulent pas toujours aussi bien. A l'approche des Outgames, la police de Montréal a approuvé un nouveau code de conduite à tenir face aux transsexuels. Lors d'une fouille, les policiers des deux sexes doivent être présents. Alors qu'une policière inspectera le suspect du visage à la ceinture, son collègue masculin poursuivra ses investigations sur le reste du corps.

Depuis quelques mois, la plupart des services de police du Canada ont modifié leur comportement face aux transsexuels. En mai, le Tribunal des droits humains de l'Ontario a ordonné à la police provinciale de n'effectuer des fouilles de transsexuels que dans des circonstances exceptionnelles. Les suspects peuvent aussi décider que les recherches soient menées par un policier, une policière, voire les deux.

Aux petits soins pour la clientèle rose

Trois décennies après les Jeux olympiques de Montréal de 1976, ce sont des athlètes transsexuels qui foulent les pistes du Stade olympique. Si la participation aux Outgames est aussi ouverte aux athlètes du dimanche, la direction de l'événement précise dans la partie de son règlement destiné aux transsexuels, «qu'un athlète des premiers Outgames mondiaux ne peut participer que sous une seule identité sexuelle».

La mairie de Montréal a convenu de choyer la clientèle rose et les fonctionnaires municipaux estiment que les retombées économiques pour la ville seront de l'ordre d'une centaine de millions de dollars. A Montréal, la communauté transsexuelle est particulièrement dynamique. L'Université anglophone McGill a accepté de construire des toilettes pour les transsexuels, qui, jusqu'ici, ne se reconnaissent ni dans les WC réservés aux hommes, ni dans ceux prévus pour les femmes. Au premier étage du Centre étudiant de l'université, un panneau annonce que des toilettes seront construites d'ici à la fin août. Les pictogrammes montrant un homme ou une femme disparaîtront au profit d'un écriteau anonyme. «Pour les transsexuels, les transgenres et les personnes dont le genre varie, l'accès aux toilettes publiques est souvent difficile, sinon impossible, puisque la plupart de ces endroits font de la ségrégation selon le sexe», a confié Brianna Hersey, de la Transgender Alliance and Queer McGill, au journal de l'université, le McGill Daily. L'association a également obtenu que le sexe des étudiants ne soit plus mentionné sur leurs cartes d'identité.