Une cinquantaine d’articles sont publiés chaque jour sur notre site. Une masse d’informations qui finit par se perdre dans les méandres du Temps, et échappe à certains lecteurs. Alors, comment offrir une seconde vie à nos contenus? En novembre 2016, la rédaction a lancé un projet pour relever le défi. Baptisé «Zombie», notre algorithme devait ressusciter les meilleurs articles, ceux qui apportent un éclairage particulier sur une actualité. Exemple: nous avons récemment publié une analyse sur l’engouement que suscite le football féminin. Dans ce cas, Zombie pourrait ressortir l’article en juin prochain à l’occasion de la Coupe du monde féminine.

La présentation du projet (2016): Avec Zombie, Le Temps veut donner une seconde vie à ses meilleurs articles

Porté par Jean Abbiateci, ancien rédacteur en chef adjoint, le projet avait obtenu le soutien de la Digital News Initiative, un fonds européen de Google qui vise à promouvoir l’innovation dans le secteur des médias. Montant de l’aide: 45 000 euros. Nous avions alors fait une promesse: le code informatique serait en open source. Promesse tenue! Depuis quelques jours, le prototype de Zombie est en libre accès sur la plateforme GitHub. Chaque éditeur de presse ou curieux peut s’emparer de l’outil.

Pourquoi une telle ouverture? «C’est une manière de rendre à la communauté, de se serrer les coudes entre médias», répond Ivo Marques, chef de projet au sein de l’unité numérique du Temps. L’échange d’informations et de compétences est une pratique répandue dans le journalisme web. Notre volonté de partage est d’autant plus forte que nous puisons des idées dans l’univers des projets «ouverts». En 2016, nous avions publié un jukebox pour mettre 30 artistes helvétiques sur le devant de la scène. Un format interactif imaginé et partagé par la radio américaine NPR. Notre site repose également sur un système libre, Drupal.

Source d’inspiration

Quel avenir pour Zombie? Malgré des essais prometteurs, il restera au stade du prototype. «C’est une déception sur le plan technique mais une source d’inspiration pour détecter les meilleurs articles, à l’aide d’indicateurs chiffrés», indique Gaël Hurlimann, rédacteur en chef du numérique. Car le projet n’est pas mort. Zombie est dans les mains de l’équipe Tech & Data du groupe Ringier, éditeur du Temps. L’outil Sherlock – à chaque équipe ses références – passe au peigne fin une masse de données pour mieux connaître les contenus et les internautes des différents médias du groupe. «Il propose une analyse fine des comportements des internautes, de leurs habitudes de lecture», ajoute Gaël Hurlimann.

Ces données – anonymisées – vont permettre de répondre aux attentes de l’audience, et ainsi offrir une expérience en partie personnalisée. L’outil sera prochainement déployé sur le site du Temps. Cela va-t-il casser la hiérarchisation manuelle des sujets? Non, les journalistes gardent la main. Ce sera une option supplémentaire pour les abonnés. En haut du site, un système de notifications signalera au lecteur les articles manqués en fonction des rubriques qu’il consulte ou encore la date de sa dernière visite sur le site. Les passionnés de sport, distraits le jour de parution, n’auraient pas manqué notre analyse sur l’essor du football féminin: Sherlock le leur aurait proposé plus tard.