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Quicajons, cabanes bibliques

On les voit sur les abords des autoroutes, ou dans les coins discrets des villes. Ces plantages communaux mêlent une végétation foisonnante avec un découpage précis du terrain

On les voit sur les abords des autoroutes, ou dans les coins discrets des villes. Ces plantages communaux mêlent une végétation foisonnante avec un découpage précis du terrain. Chacun sa parcelle. A chaque famille son petit jardin. Et au milieu, comme un trophée urbain, la cahute, la cabane champêtre aménagée avec amour.

Dans Parlons vaudois, Jean-Pierre Cuendet rappelle que ces maisonnettes sont nommées «quicajons» par leurs châtelains. Des dictionnaires français, qui décrivent ce mot «suisse» comme un «abri à claire-voie dans un jardin», nous informent que dans leurs évadées potagères, les Vaudois sont bibliques: le terme remonterait à l’hébreu «kikajon», l’arbre sous lequel se réfugia le prophète Jonas.

Les légumiers du dimanche sont-ils des prophètes? Peut-être. Ils l’adorent, en tout cas, leur carré de nature en ville. Un adepte des jardins familiaux de Vidy, à Lausanne – lesquels sont condamnés par la grandiose métamorphose que concoctent Daniel Brélaz et Olivier Français –, confessait lundi dans ce journal: «J’aime regarder pousser les légumes. Mon jardin, c’est ma vie.» Jean-Pierre Cuendet, lui, donne une interprétation plus personnelle de ces modestes résidences secondaires trônant au milieu des salades pommées: «C’est également dans ces quicajons que se refait le monde, en fin de journée, autour d’une bouteille et même de plusieurs: je vous parle en parfaite connaissance de cause!». On n’en doute pas.

Chaque jour de l’été, sans prétention, «Le Temps» déguste un mot de la langue française.