Historiquement, la mode avait ambition de faire rêver, de pousser aux plus élégantes les femmes, aux plus discrets les hommes. Dans chaque décennie du XXe siècle, elle répondait à une demande des femmes, à un rêve de couturier. En cela, on peut dire qu’elle embellissait le monde. Mais je ne suis pas sûr que ce soit toujours le cas aujourd’hui.

Elle répond désormais au profit. La prolifération des marques tous azimuts qui va de pair avec la surproduction vestimentaire est devenue si dense, si agitée, que je pense que c’est peut-être même le contraire. Tous ces vêtements qui se produisent, se diffusent voire terminent en seconde main ont un bilan carbone véritable, et ternissent la planète. Il en va de même des boutiques de luxe créées dans toutes les grandes villes du monde qui sont responsables d’une uniformisation architecturale des rues.

On est entré dans une forme de banalisation du vêtement au profit du corps (faire du sport, de la gym, avoir recours à la chirurgie esthétique) qui a pour effet de pousser les amateurs de mode à jeter leurs vêtements au rythme des changements de saison. Ces derniers ne sont plus des marqueurs sociaux. On peut être à la mode avec deux francs six sous. Un beau corps svelte et musclé, selon l’idéal esthétique adopté, peut avoir de l’allure sans se couvrir de marques prestigieuses. Il y a vingt-cinq ans, la garde-robe se gardait encore précieusement, telle une part de l’intime. Le vêtement griffé était une sorte de passeport frontière pour décrocher un emploi ou briller lors d’une soirée importante.

Fort heureusement, les questions environnementales liées à la pollution vestimentaires ne sont plus ignorées. Certains acteurs du milieu réfléchissent à produire une mode digne. En rétrogradant un peu dans les phases de production et en visant des circuits très contrôlés de bilan carbone ou d’emplois réels. Partout, on voit apparaître des colloques et conférences sur l’écoresponsabilité de la mode. Seul ce type de démarche pourra l’amener à réembellir le monde.


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