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Les ravisseurs des touristes du Sahara sont agacés par diverses tentatives de médiation

Les démarches pour libérer les otages se multiplient. Les autorités allemandes se montrent réservées sur le principe du paiement d'une rançon.

L'interminable calvaire que subit le groupe de touristes européens (9 Allemands, 4 Suisses et un Néerlandais), prisonniers dans le nord du Mali d'un groupuscule islamiste armé algérien, ne semble pas s'acheminer vers un dénouement rapide. En fin de semaine, une télévision privée (n-tv) avait annoncé imprudemment qu'une demande de rançon de 64,4 millions d'euros figurait sur la bande vidéo transmise à Berlin via les autorités maliennes. Elle laissait ainsi entrevoir une possible issue à cette épopée qui a déjà coûté la vie à un quinzième otage, Michaela Spitzer, une Allemande d'Augsburg en Bavière, décédée courant juin des suites d'une insolation, alors que les survivants paraissent toujours valides. Les autorités allemandes ont refusé de commenter cette information pour ne pas mettre la vie des otages en danger. Puis elles ont laissé entendre par des voies non officielles à Bamako qu'elles étaient «très réservées» sur le principe du paiement d'une rançon pour la libération des touristes enlevés en début d'année dans le Sahara algérien.

Cette position réservée des autorités berlinoises est vivement critiquée par Karl-Heinz Spitzer, l'ex-mari de l'otage décédée. Celui-ci a déclaré au Bild am Sonntag: «Si Berlin avait exercé davantage de pressions sur Alger, les otages auraient pu être libérés depuis longtemps. Les négociateurs allemands ont trop souvent baissé les bras. Apparemment, c'était pour ménager les bonnes relations avec l'Algérie.» Quoi qu'il en soit, selon une source proche des médiateurs au Mali, la réserve des Allemands a été expliquée aux ravisseurs. Les preneurs d'otages «ont paru dans un premier temps énervés. Ils ont par la suite affirmé réserver leur réponse. Mais le contact n'est pas du tout rompu», a ajouté cette source dans la capitale du Mali.

Confusion des rôles

Les ravisseurs auraient aussi exprimé leur «agacement» devant la «multiplication» des démarches de médiation. Plusieurs médiations se sont en effet simultanément mises en place, créant une confusion quant aux rôles des uns et des autres. Il y a d'abord la médiation du gouvernement malien qui est menée par un notable respecté du nord du pays et qui aurait rencontré en milieu de semaine «sur le territoire malien» deux des ravisseurs, a précisé une personne proche de la médiation, sans indication sur le nombre total des preneurs d'otages. C'est ainsi que les preneurs d'otages seraient entrés en contact avec des représentants allemands et suisses vers le courant du mois dernier, à la suite de la présence au Mali le 22 juillet du secrétaire d'Etat allemand aux Affaires étrangères, Jürgen Chrobog.

Une autre démarche, «entièrement cautionnée» par le gouvernement allemand, serait également en place. Aucune précision n'a été fournie sur l'identité de ces médiateurs qui, selon les observateurs maliens, auraient reçu des autorités allemandes deux véhicules 4x4 pour se rendre dans le nord-est du Mali, dans la vaste région de Kidal située sur le plateau de l'Adrar des Iforas, cœur du pays touareg où seraient localisés les touristes et leurs geôliers.

En marge de ces médiations délicates se déroulent des «négociations improvisées» qui seraient le fait de «chasseurs de primes». Ils proposeraient de conduire les otages à Bamako en échange de contreparties financières. Le désert offrant peu de chances de faire fortune, l'occasion réveille des vocations d'intermédiaires qui ne s'embarrassent ni de scrupules moraux, ni de préjugés religieux.