Une notion mieux comprise aujourd’hui
Employé principalement en psychologie, ce mot, qui signifie l’acte de «rebondir», de résister, semble désormais faire partie des incontournables pour une vie harmonieuse. Et ce n’est pas qu’une impression ou une mode de langage: l’essence même de cette notion est mieux saisie aujourd’hui qu’il y a une génération.
«Prenez nos grands-parents, arrière-grands-parents, pendant la guerre. Ils pensaient qu’il fallait serrer les dents, avancer, et surtout enfouir le tout le plus profondément possible. Avec le développement spirituel et psychologique, nous refusons de rester dans le déni», souligne Nicolas Belleux, psychiatre et psychothérapeute.
Comme un trophée
Dans le tableau général, nous sommes même passés du déni complet à l’étalage public. «Avant, par exemple, les abus sexuels étaient cachés, tabous. Maintenant ils sont dévoilés dans la presse par des personnalités qui en ont été victimes. On aurait tendance à brandir la résilience comme un trophée. Il est devenu valorisant de montrer que la vie a été dure, que l’on s’en est pris plein la figure, et que l’on a réussi à rebondir.»
Le monde du travail s’est aussi emparé de cette notion. Dans un contexte économique dur et concurrentiel, la capacité à savoir se relever après un traumatisme (mobbing, licenciement…) est forcément une valeur à chouchouter. The Resilience Institute l’a bien compris, qui transmet ses techniques aux managers pour que leurs équipes passent les caps difficiles avec plus d’aisance et de sérénité. Enthousiasme, connexions avec l’entourage, empathie, clarté mentale: autant de points à cultiver au quotidien, pour améliorer les capacités de rebond. «Notre approche n’est pas thérapeutique, mais préventive. Elle vise à mobiliser toutes ses ressources plutôt qu’à subir et souffrir», précise Alexia Michiels, associée du Resilience Institute en Europe.
Une cicatrice sur l’ADN
En 2016, des chercheurs de l’Université de Genève ont pu prouver scientifiquement que les traumatismes – viol, maltraitance, guerres – laissent une trace sur l’ADN des victimes. Cette cicatrice, mesurable, se transmet jusqu’à au moins trois générations, mais peut également s’atténuer.
«Ce que l’on vit, et la manière dont on gère les événements difficiles, va laisser une réaction sur l’ADN, commente le Dr Belleux. La résilience, notamment, aura le pouvoir de soigner la personne concernée, ainsi que sa descendance. Tout le travail se situe dans le regard que l’on porte sur les événements. Il faut s’efforcer de contrecarrer le négatif, pour notre survie et pour éviter de s’écrouler. Mais il n’existe pas de canevas type pour savoir quel individu aura plus ou moins de facilité à développer des capacités de résilience.»
Ça se travaille
Car évidemment, nous ne sommes pas égaux devant ce mécanisme. Nous avons tous différentes façons de tirer du positif ou du négatif de ce qui nous arrive. «Le même événement peut ruiner la vie d’une personne ou lui donner une énergie prodigieuse pour rebondir.»
Si, à la base, nos curseurs sont placés à différents niveaux, la bonne nouvelle est que la résilience se travaille. A commencer par identifier, chaque soir, les petits rayons de soleil qui seront parvenus jusqu’à nous malgré une journée dans la grisaille. «Let the Sunshine In», disait la chanson!