Renaissance d’un quartier

Le Rôtillon, siège de la «vieille âme lausannoise»

«Quelques applaudissements dans la salle. Le Conseil communal vient d’accepter le préavis sur le Rôtillon. Du haut de son fauteuil de président, Philippe Vuillemin peut enfin lever une longue séance qui a abouti, après deux heures et demie de discussions, à un vote qu’il qualifie lui-même d’historique: «J’espère que vous avez conscience que le projet du Rôtillon a exactement l’âge de notre municipal de Police [feu Jean-Claude Rosset, 58 ans]…»

L’écologiste Jacques Ballenegger l’a d’ailleurs rappelé dans son rapport de commission, le sort du quartier du Rôtillon alimente les débats depuis plus d’un demi-siècle. Après l’échec cuisant de 1989 où le peuple refusa le projet présenté par la municipalité d’alors, les urbanistes ont fini par revenir aux sources historiques en s’inspirant du cadastre ancien. Le nouveau plan partiel d’affectation recréait ainsi la rue du Flon et conservait en même temps les petites ruelles qui ont fait le charme du quartier. L’idée était également de relier le Rôtillon aux quartiers avoisinants grâce à différentes liaisons piétonnières. […]

Ainsi, au vote final, le préavis du Rôtillon a été accepté à une large majorité, avec seulement une douzaine de non et une dizaine d’abstentions. Est-ce à dire que ce moment historique prélude à une prochaine métamorphose de ce quartier qui ressemble de plus en plus à une ruine? Ce serait aller vite en besogne… Le principal propriétaire des parcelles, Investissements Fonciers SA, n’a pas changé d’un iota son point de vue sur ce projet qu’il considère comme esthétique, mais économiquement invivable. Se désintéressant de cette future réalisation, il cherche désormais à vendre ses parcelles. Et des offres ont été faites à la municipalité. […] »

«Une belle surprise attend les Lausannois. Sous peu, l’exécutif municipal de leur ville annoncera une opération spectaculaire en plein cœur de la ville: la commune s’apprête à racheter la plus grande partie des terrains du quartier du Rôtillon qui ne lui appartiennent pas encore. De la sorte, elle maîtrisera le développement de ce secteur clé du centre, laissé à l’abandon depuis des décennies. Dans ce quartier du versant sud de la vallée du Flon – que dissimulent les façades de l’opulente rue de Bourg et que l’on découvre du haut du pont Bessières – la décrépitude est si avancée qu’il a fallu battre plusieurs immeubles. […]

En 1928, avant de construire des logements à loyers modérés sur ses marges […], la municipalité avait transformé radicalement le visage de ce quartier populaire en rasant l’«îlot du Pré», autour duquel se distribuaient de fameuses pintes. Quelques-unes, détentrices d’une vieille âme lausannoise, ont survécu quelques décennies, comme le Mouton ou le Soleil. Mais cette époque lointaine s’est définitivement éteinte avec la fermeture, au milieu des années 80, du café Saint-Martin, aux fresques inspirées de Montmartre et Toulouse-Lautrec.

Entre 1957 et 1989, la municipalité a présenté successivement quatre plans de réhabilitation du quartier. Tous ont échoué, l’un à une voix près au parlement communal, le dernier devant le peuple. Tous avaient un point commun: ils poursuivaient la transformation du Rôtillon en implantant de gros blocs. En se réattelant à la tâche au début des années 90, les architectes de la Ville ont décidé de rompre avec cette logique du bulldozer. […] »

« Entre 1957 et 1989, la municipalité a présenté successivement quatre plans de réhabilitation. Tous ont échoué »

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