Samah Karaki: «Les génies solitaires n’existent pas»
Aptitudes
AbonnéDans son dernier ouvrage «Le Talent est une fiction», la docteure en neurosciences déconstruit la mythologie entourant les histoires de réussite individuelle. Une manière aussi de questionner la notion de mérite derrière laquelle se cachent souvent des privilèges, des inégalités ou simplement de la chance

Une impression de facilité. Voilà ce qui se dégage des génies à l’ouvrage. Que cela soit à travers la résolution d’un épineux problème de mathématiques, le geste fluide d’un gymnaste ou la virtuosité du pianiste, les prodiges sidèrent d’aisance au point de paraître dotés de quelque chose en plus par rapport au commun des mortels. Un supplément d’âme qu’on aurait lui aussi envie d’expliquer avec facilité. Le talent, un don divin que la science aurait sécularisé en gènes miraculeux? Ou alors simplement du travail, beaucoup de travail. Une sorte de «qui veut peut», trouvant un écho en particulier au sein de nos sociétés démocratiques où la méritocratie a remplacé les privilèges aristocratiques. De l’american dream aux injonctions à croire en soi, le talent pourrait finalement être à portée d’effort.