Psychologie
Il est possible d’apprendre à être heureux en déjouant les tours de notre cerveau. C’est ce qu’affirme le mentaliste et vidéaste Fabien Olicard dans son dernier ouvrage, un guide astucieux et déculpabilisant

Chaque début de semaine, «Le Temps» propose un article autour de la psychologie et du développement personnel.
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Les recettes du bonheur peuplent la littérature depuis toujours. Pour Victor Hugo, il est «parfois caché dans l’inconnu», un proverbe chinois le trouve dans la paix et la tranquillité et son secret résiderait dans le fait de «vivre sa vie en couleur», selon Walt Disney. De manière générale, on s’évertue bien souvent à poursuivre le bonheur comme un objectif de vie, sans vraiment prendre le temps de réfléchir aux étapes pour y parvenir.
Fabien Olicard, de son côté, propose de renverser le problème pour soutenir une thèse plus personnelle: Le bonheur est caché dans un coin de votre cerveau (Ed. First). Dans cet ouvrage sorti à la fin de septembre, l’auteur met en avant l’importance des échecs dans nos vies et accuse nos cerveaux de nous jouer des tours quotidiennement. Le mentaliste, qui mêle habilement humour, sciences et illusionnisme, cumule des millions de vues sur YouTube et multiplie les spectacles sur scène. Après plusieurs livres, dont Votre temps est infini ou Votre cerveau est extraordinaire (même éditeur), le Français de 37 ans se dévoile davantage dans ce nouveau guide bienveillant, dont on ressort empli de bonne humeur.
Comme apprendre à marcher
Contrairement à de nombreux penseurs du développement personnel, Fabien Olicard ne promet pas de vous transformer après la lecture du Bonheur est caché dans un coin de votre cerveau. Au contraire, il prône l’indulgence envers soi-même et un changement total de perception des échecs. Selon lui, toutes les réponses à nos questions se trouvent en fait dans notre mental. Mais elles sont simplement polluées par des automatismes de notre cerveau qui peine à nous donner des informations factuelles.
Le mentaliste compare le bonheur au fait de savoir marcher: «On apprend ou on comprend comment avoir les bons réflexes pour rester debout et avancer […]. Pour le bonheur, c’est la même chose, tout est déjà en place dans votre cerveau pour que vous le viviez pleinement; il ne vous manque que quelques réflexes.» Fabien Olicard partage ainsi ses astuces pour retrouver la voie de la plénitude.
La force de son propos est d’agrémenter ses conseils psychologiques d’anecdotes personnelles, de ses créations d’entreprises au vol de son ordinateur au Pérou, en passant par les douloureuses épreuves du baccalauréat. Si cette démarche peut sembler égocentrique par moments, elle permet surtout d’éclairer nos propres expériences.
Mieux se connaître
Ces expériences-là, la société et nos cerveaux nous ont appris à les classer en deux catégories bien distinctes: échecs ou réussites. Mais pour Fabien Olicard, cette division est surtout néfaste à notre vie et nous empêche de nous concentrer sur notre bonheur. Il affirme que les échecs forgent une identité et ne doivent pas être vus comme de simples embûches, mais plutôt comme des étapes. L’humoriste certifie qu’en enchaînant uniquement les réussites, «vous subiriez automatiquement la perte du plus grand pouvoir qu’un être vivant puisse avoir: la capacité d’apprentissage […] Voici pourquoi l’être humain est le seul animal sur terre à pouvoir échouer: parce qu’il a la compétence innée d’apprendre toute sa vie.»
L’écrivain met en avant l’extraordinaire capacité humaine à pouvoir réaliser des expériences non nécessaires à notre survie. Elles peuvent pourtant devenir des étapes cruciales de nos existences. Dans son ouvrage, il invite à se libérer de la «double peine» des échecs, qui nous assomment de culpabilité, de souffrances et d’angoisses inutiles. Comme de nombreux livres de pensée positive, le mentaliste invite également à se recentrer sur le moment présent en organisant mieux son temps. Une façon d’éviter ce qu’il nomme «l’échec de l’agenda»: lorsque nous ne parvenons pas à accomplir toutes les tâches fixées dans une journée et que les sentiments de déception et de perte de confiance en soi nous envahissent.
De nouveau, Fabien Olicard propose de relativiser ces instants quotidiens grâce à des exercices de planification bienveillants, qui prennent en compte nos spécificités, comme la fatigue mentale. Par exemple, un appel téléphonique peut sembler anodin et donc peu énergivore pour une personne, alors que ce sera une tâche longue et difficile pour une autre. Cet exercice repose sur l'idée centrale de son livre: c’est en apprenant à mieux se connaître que le bonheur pointera le bout de son nez.
Se faire confiance
Fabien Olicard regorge d’idées pour se reconnecter avec ses propres désirs et envies. Ces «clés du bonheur» quotidiennes peuvent notamment se trouver dans l’élaboration de mantras. Le principe est simple: noter tous ses objectifs professionnels et personnels puis les résumer en un ou deux mots emblématiques comme «indépendance» ou «respect». Ces valeurs doivent ensuite être au centre de nos décisions jour après jour: «Une fois que vous connaissez les fondements purs de ce qui vous rend heureux, il ne dépend que de vous de prendre cette direction pour tout ce que vous faites.»
Et lorsque des éléments ne fonctionnent pas comme prévu, c’est qu’il est temps de décortiquer la situation «pour en comprendre les rouages et avoir le pouvoir de modifier des choses pour tester, améliorer ou changer». Le mentaliste prône une curiosité permanente pour faire face aux événements imprévus et préconise surtout de dresser la chronologie quotidienne de nos petites et grandes réussites, afin de renouer de façon bienveillante avec soi-même.
Avec toutes ces cartes en main, le bonheur n’est clairement pas immédiat, mais son aura floue disparaît peu à peu. En résumé, faites-vous confiance: «Les événements sont positifs si vous décidez qu’ils le sont.»