Elle dit que c’est l’Afrique qui l’a chamboulée pour la toute première fois, à l’adolescence, lorsqu’elle a vu des jeunes filles himbas – un peuple bantou de Namibie – se promener nues au quotidien, très loin de ses habitudes occidentales. C’est là qu’elle a compris qu’il y avait différentes façons d’habiter le monde, là que sa vocation d’anthropologue est née. Et pourtant, c’est dans le froid et les déserts blancs que Nastassja Martin a depuis passé le plus clair de son existence. Avant Les Terrasses, un hameau perché à 1850 mètres d’altitude entre Grenoble et Briançon, où on arrive à lui parler un jour de grandes chutes de neige, l’intrépide a multiplié les jobs d’été dès ses dix-sept ans, avant de se lancer dans l’étude des peuples autochtones: leurs conflits, leurs intérêts divergents face à l’exploitation du pétrole, leurs attitudes parfois opposées devant l’importance du monde animal et le poids des âmes de leurs ancêtres.