Un besoin, mais pas de moyens
Pour rester accessible, le prix du programme, lancé en avril et en phase pilote jusqu’à la fin de 2018, se définit avec les entrepreneurs en fonction de ce qu’ils peuvent payer: «Les start-up n’ont pas les moyens de se préoccuper de bien-être, alors que c’est souvent elles qui en ont le plus besoin.» Melchior Knellwolf étendra ses services à toutes les entreprises dès janvier, mais toujours en pensant aux start-up, avec un système dans lequel le prix dépend des revenus.
Les trente minutes de séance quotidienne comportent plusieurs étapes. Après un bref retour sur les événements des dernières heures au sein de l’entreprise vient une première partie théorique pour comprendre le fonctionnement du corps et de l’esprit. Puis, en deuxième partie, le groupe médite, en commençant par un body scan, sur les parties du corps les unes après les autres, puis à travers différents exercices de concentration prolongée.
Quatre entreprises ont déjà testé ce modèle. Parmi elles, la start-up TieTalent, destinée à faciliter le recrutement. Bientôt arrivé à la fin du cursus, Marc Trillou, cofondateur, fait le point: «Notre quotidien, comme start-up, c’est les montagnes russes, on est facilement stressés. Les sessions nous forcent à faire une pause de trente minutes pour prendre du recul.»
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Quels résultats? «Au fil des méditations, je sens que j’arrive mieux à focaliser mon attention sur une tâche et à m’y tenir.» La méditation a aussi un impact sur les relations: «Je l’ai senti lors d’une négociation avec ma cofondatrice, nous écoutions plutôt que de réagir impulsivement.»
Les bonnes habitudes ne prendront-elles pas fin en même temps que le programme? La réponse de Laurenz Meier, professeur assistant à l’Institut de psychologie du travail et des organisations à l’Université de Neuchâtel: «Les organisations s’adonnent souvent à ce genre d’activité sur une période plus courte, un bloc de deux jours par exemple. Les employés en ressortent motivés, mais ils retournent vite à leur quotidien. Un programme sur une certaine durée met en place des habitudes et me semble pouvoir avoir un impact sur le plus long terme.»
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Reste à déterminer si ce type de programme est une solution face au stress au travail. Le «Baromètre. Conditions de travail» réalisé par Travail.Suisse montre que plus d’un tiers des travailleurs sont souvent ou très souvent stressés. «Il y a deux façons de réduire le problème: changer les conditions d’emploi, en rendant par exemple les horaires plus adaptés à une vie familiale et les moments de pause plus souples. Et aider les individus à gérer le stress. Dans ce cadre, la méditation peut s’avérer efficace», expose Laurenz Meier.
Et l’employeur a tout à y gagner puisque, c’est prouvé, le travailleur heureux fait un meilleur employé.