«Plus terrifiant que le bruit des bottes, le silence des pantoufles», s’insurgeait l’écrivain et architecte suisse alémanique Max Frisch au siècle passé. Une citation que Pascal Bruckner met au goût du jour dans son dernier essai, Le Sacre des pantoufles. Du renoncement au monde, paru en septembre aux Editions Grasset. Le philosophe français fait des savates le symbole d’une époque marquée par la tentation de rester chez soi. Selon lui, le coronavirus n’a fait qu’amplifier cette tendance au regain des pénates, au risque que l’horizon, dans les sociétés occidentales, se réduise aux portes palières. Selon le philosophe, la maison n’est plus un simple abri. Elle est devenue «un espace en soi, douillet et connecté, qui supplante le globe. Une sorte d’antidote à toutes les menaces du monde.»