La quête du champignon magique: au commencement était la «chair des dieux»
ÉPISODE 3. Convaincu qu’il existe un lien entre la prise de substances psychédéliques et la naissance de certaines religions, le banquier Robert Gordon Wasson, qui cultive une passion folle pour le psilocybe, s’est attaché à prouver son hypothèse en fouillant dans les mythes et rituels de l’Antiquité
«Le Temps» reprend en partie une série d’été du quotidien français «Le Monde» sur les psilocybes, connus et contestés pour leurs effets hautements psychotropes.
Les épisodes sont à retrouver dans notre dossier La quête du champignon magique
Pour la communauté scientifique, l’Université Johns Hopkins représente bien plus qu’un lieu d’étude, doté de plusieurs hôpitaux. C’est une institution vénérable, une autorité qui inspire le respect depuis sa création en 1876, à Baltimore, dans le nord-est des Etats-Unis. Aux prémices de la pandémie de Covid-19, par exemple, son décompte du nombre de morts et de malades est très vite apparu comme la source la plus fiable, par-delà les pays.
Au sein de ce temple du savoir, Roland Griffiths fait figure de moine-soldat. Ce psychopharmacologue de 76 ans a longtemps «mené une carrière agressive, reconnaît-il, travaillant 7j/7». Entré en 1972 à Johns-Hopkins, il acquiert une réputation internationale pour ses recherches sur les addictions – notamment à la caféine. Au milieu des années 1990, cependant, il doute brutalement de sa vocation. «Je me suis dit: «Quel est le sens de tout ça?», raconte-t-il, en pointant les photos de tasses de café, de sodas et de babouins qui tapissent son bureau. Réaliser des expériences sur les singes, en particulier, me devenait pénible, pour des raisons éthiques.»