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La quête du champignon magique: le «Sorcier noir» de la CIA et le banquier mycophile

ÉPISODE 2. Dès les années 1950, l’agence de renseignement américaine s’intéresse aux substances permettant d’exercer un contrôle sur les consciences. Le chemin de ses agents va croiser celui d’un passionné de champignons hallucinogènes, Robert Gordon Wasson

Rituel traditionnel, drogue récréative, les champignons hallucinogènes furent aussi en passe de devenir une arme entre les mains de la CIA. — © Victor de Schwanberg/Science Photo Library via AFP
Rituel traditionnel, drogue récréative, les champignons hallucinogènes furent aussi en passe de devenir une arme entre les mains de la CIA. — © Victor de Schwanberg/Science Photo Library via AFP

Le Temps reprend en partie une série d’été du quotidien français Le Monde sur les psilocybes, connus et contestés pour leurs effets hautements psychotropes.

Les épisodes sont à retrouver dans notre dossier: La quête du champignon magique

Cinquante-quatre ans après le début de notre ère, l’empereur romain Claude meurt au terme d’une spectaculaire agonie, ponctuée par des râles et une explosion rectale. Quelques heures plus tôt, il avait avalé une assiette de ses champignons favoris. Selon les historiens, c’est sa femme, Agrippine, qui l’a fait empoisonner. L’objectif? Faire accéder son fils, Néron, au pouvoir. Une fois intronisé, ce dernier dira des champignons qu’ils sont «la nourriture des dieux».

Deux millénaires plus tard, ce meurtre intéressa au plus haut point les premiers cadres de la Central Intelligence Agency (CIA), l’agence de renseignement américaine fondée en 1947. «Penchons-nous sur les techniques d’assassinat, consigne un agent en 1949, dans une note. Trouvons les moyens les plus efficaces de tuer – comme l’impératrice Agrippine.» Au même moment, le sort funeste de Claude obsède un banquier new-yorkais, Robert Gordon Wasson (1898-1986), et sa femme, la pédiatre russe Valentina Pavlovna Guercken (1901-1958). Lors de leur lune de miel, en 1927, dans le nord-est des Etats-Unis, la découverte de champignons sauvages a failli mettre fin à leur mariage, Valentina se jetant dessus pour les cuisiner, Robert craignant au contraire d’être intoxiqué. Depuis, le couple se passionne pour ces végétaux. Au point d’ériger, au fil de ses recherches, une curieuse théorie: selon eux, le monde se diviserait en deux blocs, avec d’un côté les peuples «mycophiles», qui adorent les champignons, comme les Russes; et de l’autre les «mycophobes», qui les abhorrent, comme les Américains.

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