Avec la succession des crises, les psys aussi peuvent flancher
Plonger dans la psyché de patients traumatisés n’est pas anodin. Sans garde-fous ni possibilité de déconnecter, la surcharge émotionnelle peut ébranler la santé mentale des meilleurs professionnels
En intervenant auprès de patients dont la souffrance est intense, la charge émotive que certains psychothérapeutes doivent encaisser de manière répétée peut ébranler les plus aguerris d’entre eux. Le Dr Xavier Sanchis Zozaya occupait jusqu’en février dernier le poste de psychiatre dans l’Unité de soins aux migrants (USMi), à Lausanne. Au contact de personnes en situation d’exil forcé, souvent en grande détresse psychique, il a dû mettre au point des stratégies pour ne pas flancher: «L’accompagnement de patients requérants d’asile et de personnes au bénéfice de l’aide d’urgence n’est pas un sprint, c’est un marathon! Il faut prendre un rythme qu’on pourra tenir sur la durée, pour les accompagner dans leurs récits traumatiques et, surtout, face à leur sentiment d’impuissance», insiste le spécialiste en ethnopsychiatrie.