Corps
Vous êtes confiné chez vous et vous stressez? Un ouvrage explique très clairement, illustrations à la clé, quels enchaînements accomplir pour se calmer. On a essayé, c'est bluffant

Chaque début de semaine, «Le Temps» propose un article autour de la psychologie et du développement personnel.
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Pays verrouillés, écoles et universités fermées, événements annulés, télétravail imposé. Le coronavirus frappe fort et fait planer une angoisse sur la société. Pour garder sa sérénité, rien de tel que de lire et de mettre en pratique le salutaire ouvrage de Lionel Coudron, Yoga-thérapie, soigner les chocs émotionnels et les peurs, paru aux Editions Odile Jacob.
Associé à Corinne Miéville, le médecin et professeur de yoga y présente des postures, des respirations et des visualisations qui permettent de calmer le jeu. On a essayé, c’est bluffant. Notamment, le shambhavi mudra, drôle de yoga des yeux qui détend la tête et le haut du corps profondément. Après ces exercices, le virus n’est pas moins nocif, mais on le considère avec plus de détachement.
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Pour commencer, Lionel Coudron liste les sept types de peur ou d’anxiété dont peuvent souffrir l'humanité. L’anxiété de performance – celle des rivalités sportives ou professionnelles–, les attaques de panique ou les états de stress post-traumatique, comme les suites d’un attentat ou d’un accident. L'auteur nomme encore l’anxiété sociale – pour certains, traverser une salle de restaurant ou décrocher le téléphone relèvent de l’enfer –, les fameux TOC et les phobies simples, comme avoir peur des lieux fermés, des petits animaux, des insectes, etc.
La septième, c'est la «coronienne»
Et puis, la septième, qui est sans doute celle que la pandémie de Covid-19 va faire exploser, est l’anxiété généralisée. Soit une forme de pessimisme constant qui touche en temps normal 10% de la population, informe Lionel Coudron. L’anxiété généralisée se caractérise par un sentiment d’insécurité quasi permanent. Pour le sujet, «toute situation nouvelle est susceptible de déboucher sur une catastrophe imminente». Elle se manifeste par des «sensations de crispation au niveau du plexus et par une tension dans la région des épaules. De plus, les mâchoires sont très souvent contractées.»
Comme le patient respire mal, il est fatigué et irritable. Dans l'ouvrage de Lionel Coudron, une concernée raconte: «Sur la plage, je crains pour mes enfants. Chez moi, je redoute à tous moments qu’un cambrioleur surgisse. Lorsque je pars en week-end, je me demande quelle situation d’urgence professionnelle va bien pouvoir me déranger, etc.» Epuisée, cette femme a développé des plaques d’urticaire sur les bras, lesquelles sont forcément, pour elle, «des signes d’une maladie grave qui n’a pas été diagnostiquée»…
Le funeste engrenage
On voit bien le funeste engrenage… Qui risque de concerner une plus grande proportion de la population maintenant que des mesures de confinement contre nature ont été imposées. Heureusement, on peut voyager dans sa tête et dans son corps, rassurent les auteurs du livre.
Le saviez-vous? Le mot «yoga» a la même racine que le mot «joug». Ainsi, développe Lionel Coudron, le yoga, ce sont ces rênes qui nous permettent de prendre le contrôle de notre char émotionnel. «Dans l’anxiété, les chevaux que sont l’émotion et les croyances deviennent fous et provoquent des montées de stress»...
... Les exercices de yoga, avec les postures, les respirations, les visualisations et la méditation, conduisent à un sentiment de sécurité
Vous en doutez? Essayez déjà ce simple exercice. Vous vous posez dans un endroit tranquille, assis, les yeux fermés. Vous respirez profondément et vous vous répétez plusieurs fois ces trois «pensées du bien-être», telles que les nomme Lionel Coudron: «je suis en paix», «je suis confiant en moi-même, dans les autres et dans la vie» et «je m’accepte et m’apprécie tel que je suis». Au début, vous manquez de conviction et puis, petit à petit, vous commencez à moins vous dissiper. L’effet d’apaisement est patent.
A chaque peur, ses postures
Sinon, à chaque peur, ses postures, poursuivent les deux auteurs. Par exemple, pour quelqu’un qui souffre de TOC, les professeurs recommandent la posture tadasana, une simple position debout, les bras le long du corps, la nuque dégagée. Parfaite pour lâcher prise. Contre l’anxiété sociale – la peur de traverser un lieu public, donc –, des postures dynamisantes et ouvertes, comme celles du guerrier ou de l’arbre, sont préconisées.
Les victimes de crises de panique pratiquent, elles, plutôt un yoga-mudra, une posture de réconfort, qui consiste à passer de la position assise en tailleur à une sorte de boule, tête et dos vers le sol. «Vous êtes enroulé, rien ne peut vous atteindre. Observez combien cette posture vous ressource», propose le médecin, en légende des photographies illustrant l’exercice.
Chaque fois, la respiration est associée aux mouvements et, chaque fois, le sujet est invité à pratiquer ensuite une autoévaluation de 1 à 7 pour analyser les résultats de ces enchaînements. Surtout, les deux auteurs insistent sur le fait que, selon le principe du ahimsa propre au yoga, «il ne faut ni forcer ni se faire mal». Ce serait contre-productif à la bonne circulation du prana, cette énergie bienfaisante qui est obtenue par la respiration, mais aussi par la succession de contractions musculaires et d’étirements, ce qui amène à une relaxation totale.
Et pour l'anxiété généralisée?
Mais si chaque peur a son enchaînement, quel est celui qui apaise l’anxiété généralisée susceptible d’exploser, ces jours, face au bouleversement du quotidien de chacun? Suivez le guide! Première étape, le mouvement de liaison ou respiration complète pour faire baisser la pression. Debout, on expire en tendant les bras devant soi, le dos des mains en contact. Sur une longue inspiration, on rapproche les coudes vers la poitrine, on écarte les bras en croix, on les monte à la verticale. Ensuite, on expire en ramenant les coudes sur la poitrine, puis en s’accroupissant, bras et dos en avant. Réalisé plusieurs fois, l’exercice nettoie.
Deuxième étape, la visualisation d’un lieu refuge. «Couché, vous vous figurez un lieu dans lequel vous êtes en parfaite sécurité. Notez qu’il est important que vous soyez seul dans ce lieu.»
Enfin, un exercice de pandiculation. Il s’agit, de nouveau, de respirations associées à des étirements de bras, mais, cette fois, le dos se creuse plus vers l’arrière et l’exercice ne se termine pas accroupi, mais «debout sur une expiration bouche grande ouverte». Si vous bâillez à la fin, c’est bien, c’est signe que vous êtes serein.
Lecture de Proust «per tutti»!
Evidemment, c’est plus facile avec les images, d'où la pertinence de l'ouvrage illustré... Equipez-vous! Par les temps sombres et urgents qui sévissent, c'est yoga, méditation, Netflix et/ou lecture de Proust per tutti.