Les ondes gravitationnelles, d'après cette théorie, seraient quant à elles provoquées par l'accélération brutale de masses très importantes. Lors de la collision de deux trous noirs, par exemple, ou de l'explosion d'une supernova, la géométrie de l'espace environnant s'en trouve perturbée, entraînant la création de ces ondes, un peu comme une pierre créant les ronds lorsqu'elle tombe dans l'eau.
Sur Terre, les physiciens ont imaginé un appareil capable de détecter ces hypothétiques ondes venues de loin. A quelques détails près, les détecteurs actuels sont tous construits selon le même principe. Il s'agit de deux bras perpendiculaires très longs – les LIGO mesurent 4 kilomètres – dans lesquels circule un rayon laser. Si une onde gravitationnelle traverse l'appareil, il aura comme effet de perturber très légèrement les quatre dimensions de l'espace. En d'autres termes, la longueur des bras du détecteur va varier. Et quand l'un se rallonge un petit peu, l'autre se raccourcira, si l'on en croit les équations obtenues en 1916.
Ces variations de distances seront infimes. Mais, grâce à un jeu de miroirs ultraprécis et à la technique d'interférométrie, il devrait être possible de mesurer des allongements de l'ordre d'un atome sur plusieurs centaines de mètres. «Le gros problème pour l'instant est le bruit de fond, explique Daniel
Enard, directeur technique de VIRGO, l'homologue franco-italien des LIGO et du GEO600, actuellement en construction près de Pise. Il existe un grand nombre de signaux parasites. Les chercheurs doivent les identifier et les minimiser au maximum afin d'avoir une chance de mesurer un jour les signaux créés par une onde gravitationnelle.»
Si ces détecteurs sont en principe capables de détecter une onde gravitationnelle, ils ne pourront cependant pas déterminer d'où elle provient. Ils mesureront en fait l'ensemble des signaux venus de toutes les directions à la fois. La seule manière de localiser une source sera de mettre en réseau au moins trois de ces appareils et de tirer profit d'un infime décalage dans le temps entre les trois mesures. Ainsi, par triangulation, les chercheurs pourront retrouver l'origine d'une onde gravitationnelle dans l'espace. Avec le quatrième larron, VIRGO, qui devrait être opérationnel en 2003 également, cette détermination sera d'autant plus précise. Le Japon, qui possède déjà un prototype, et l'Australie ont, eux aussi, l'intention de construire des appareils semblables.