«Nous sommes tous âgés de 14 milliards d’années!» Enfin… indirectement: «Toutes les particules dont sont faits les atomes qui constituent nos cellules, sont «nées» il y a 14 milliards d’années, avec le Big Bang. Puis, au fil du temps, elles se sont arrangées pour former les galaxies, la Terre, et ses habitants. C’est cette histoire de l’Univers, de cette matière première, que nous racontons.» Didier Raboud, chef de la communication de l’Université de Genève, s’enflamme en décrivant l’exposition conçue avec le CERN, inaugurée mercredi 1er avril.
Sur 400 m2, et à l’aide d’importants moyens techniques, multimédias et interactifs qui ont fait grimper le budget à un million de francs (co-assuré par la Fondation Wright), ce vaste parcours initiatique sera la vitrine itinérante du CERN. Celle-ci a été divisée en cinq cellules qui retracent, en jouant sur divers niveaux de lecture (adaptés aux visiteurs dès 12 ans), autant de chapitres de la recherche fondamentale. Après une virée filmée dans le Big Bang reconstitué, on plonge dans le zoo des particules, où les muons et les quarks se mêlent aux électrons. «Saviez-vous que 50 trillions d’entre eux venant du Soleil traversent nos corps à chaque seconde?» lit-on.
La deuxième partie de ce périple dans l’infiniment petit, parfois un peu sec, s’arrête au CERN: des maquettes détaillent le LHC, le nouvel accélérateur de particules qui devrait permettre de faire des avancées. «Nous ne manquons pas de rappeler que les scientifiques butent encore sur nombre de questions», dit Bernard Pellequer, responsable des expositions au CERN: de quoi est constituée cette matière ou énergie sombre qui compose 96% de l’Univers? D’où vient la masse des particules? Quelle est l’origine des forces fondamentales?
La dernière étape montre en quoi la recherche fondamentale en physique peut déboucher sur des technologies innovantes: rayons X, GPS, Web, etc. «Autant de bénéfices qui sont inestimables, mais qui restent le plus souvent imprévisibles a priori», rappelle Didier Raboud. Dans un méandre du parcours, Aristote ne rappelle-t-il pas que «le commencement de toutes les sciences, c’est l’étonnement de ce que les choses sont ce qu’elles sont»?
«Matière première», jusqu’au 28 juin. Hall de l’Uni Dufour, Genève.