Dans nos sociétés occidentales, il y a un discours ambiant qui présuppose que les actes de générosité sont motivés par le bénéfice personnel que l’on peut en tirer. Prenant pour preuve qu’être altruiste ou emphatique procure du plaisir, ce que de nombreuses études scientifiques confirment, certains déduisent qu’il n’y a donc rien de gratuit et que cet acte tient à une forme d’égoïsme caché. Je pense que c’est faux. La plupart du temps, les gens généreux le sont spontanément, pour répondre aux besoins d’autrui. C’est ensuite une logique de gagnant gagnant: le bénéficiaire est content et, par voie de retour, le donateur l’est également.

Nous ne sommes pas fondamentalement bons

Beaucoup d’études, dans des domaines aussi variés que la psychologie du bébé ou la neurobiologie, montrent qu’il y a chez tout être humain un fond de bonté qui est plus puissant et plus enraciné biologiquement que les tendances à l’égoïsme et à l’agressivité. Par exemple, certaines zones du cerveau sont appelées zones de la satisfaction car elles s’activent lorsque nous vivons des expériences agréables, par exemple manger une tarte succulente. Or, elles s’activent également dans les moments de générosité, de coopération ou d’empathie. Le cerveau valide en quelque sorte le fait que soyons prédisposés à la bonté. Mais attention, prédisposé ne veut pas dire programmé automatiquement. Nous ne sommes pas fondamentalement bons et généreux. Deux éléments se rajoutent à ce fondement biologique: l’environnement social (la famille, la culture, etc.) et les choix que nous faisons, puisque nous avons le libre arbitre.

En bref, la raison qui nous motive à être généreux, c’est que cela nous rapproche de notre nature profonde, puisque nous sommes des êtres profondément sociaux. Pas étonnant, donc, que faire preuve de bonté nous rende heureux.


A lire:

La bonté humaine: altruisme, empathie, générosité, de Jacques Lecomte, Odile Jacob.


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