Le Hublot Design Prize n’a pas pour vocation de révéler un talent. Créé en 2015 à l’occasion du 10e anniversaire du modèle Big Bang, le best-seller de la manufacture horlogère, il encourage un designer déjà établi dans sa profession. Présidé par Pierre Keller, chaque membre du jury vient donc avec des poulains qu’il est prêt à défendre. L’année dernière, la première édition du prix avait récompensé deux studios: le trio lausannois Big-Game et le designer norvégien Daniel Rybakken. En 2016, plus question de couper la poire en deux. Une sacrée poire qui vaut quand même 100 000 francs. De quoi bien démarrer dans sa carrière.

Ce chèque sur l’avenir est revenu à Christophe Guberan. Le designer de la Praz, diplômé de l’ECAL, mène surtout des recherches sur les propriétés des matériaux. Il est notamment l’auteur d’une étonnante technique d’objets imprimés, tout plats, mais qui prennent forme lorsqu’on les humidifie grâce à une encre qui réagit à l’eau.

«Il a été choisi pour sa capacité à imaginer le futur, expliquait Lapo Elkann, à la fois héritier de la marque Fiat, designer et membre du jury. Mais qui peuvent aussi avoir de vraies applications sur le marché.»

Mardi, dans les nouveaux locaux nyonnais de Hublot, Christophe Guberan était le premier surpris de sortir vainqueur de la compétition. Il faut dire que parmi les 7 autres candidats en lice, il y avait du lourd. Jeune designer allemand, et star montante de la branche, Sebastien Herkner présentait sa dernière réalisation pour le fabricant de meuble d’extérieur Dedon. La Franco-Suisse Julie Richoz exposait une spectaculaire suspension éditée par le danois Louis Poulsen. Et le franco-colombien Felipe Ribon expliquait au visiteur la situation étrange de ces objets à la manufacture impeccable qui communiquent avec les esprits. Bref, rien que des designers davantage orientés sur le produit et moins sur l’expérimentation.