On l’a déjà dit, le design en 2016, c’est le mélange des genres et des matériaux. Le cuir se marie avec le marbre, le textile avec la résine. Cela dit, il y a comme une récurrence chez les fabricants cette année. On veut parler du verre coloré qui ne s’utilise pas uniquement dans l’objet décoratif, mais entre aussi dans la production de tables d’appoint et de cabinets de rangement. Matière technique et solide – Konstantin Grcic en a même fait une collection de fauteuils machinistes pour la galerie parisienne Kreo en 2014 –, elle convoque les idées très à la mode de pureté et de transparence. Le verre c’est beau, c’est presque de l’air en barre, mais cela nécessite un savoir-faire et un entretien loin des standards.

La tendance s’observait il y a quelque temps déjà chez les Bouroullec et leur collection de bureau pour Glas Italia, mais aussi chez Patricia Urquiola, qui sortait pour la même compagnie une série de mobiliers à l’irisation changeante. Désormais, elle tend à se généraliser à d’autres designers, qui peuvent ainsi jouer avec les reflets, la lumière et mettre en scène les explosions de gamme chromatique dans l’obscurité. Ce sont les consoles de rangement de Patricia Urquiola et Federico Pepe, délicate marqueterie de silice inspirée par la technique du vitrail.

C’est le verre massif des tables basses de Ronan et Erwan Bouroullec ou les fines plaques translucides superposées par le japonais Nendo pour une commode éditée par Glas Italia. Le verre en couleur a aussi inspiré l’idée de l’aquarium à Fernando et Humberto Campana. Les frères brésiliens, spécialistes d’un mobilier néo-baroque longtemps envisagé à travers l’accumulation et la superposition de textures diverses et variées, ont produit pour BD Barcelona ce buffet en bois dont les portes en verre (vertes ou bleues) évoquent le réservoir à murènes. Diplômé de l’ECAL, Ini Archibong présentait au dernier Salon du meuble de Milan Orion et Galilée. Un duo de tables en marbre aux noms mythologiques (Orion le chasseur céleste, fils de Poséidon) et bibliques (Galilée, comme la mer sur laquelle le Christ aurait marché) et dont les pieds aux dégradés magiques racontent ces histoires d’eau et d’air.