Jacques Hopenstand était maroquinier, un de ces artisans doué qu’employaient jadis les maisons de mode à Paris. Lequel travaillait son cuir pour Morabito, le malletier chic de la jet-set et des élégantes depuis les années 30. Et puis l’artisan parti à la retraite en confiant ses gabarits à son ancien client. Lequel, incapable de les reproduire dans les règles de l’art, les rangea dans un tiroir. Morabito à son tour disparut, et les patrons des sacs «façon couture» Hopenstand avec lui. Fin de l’histoire? Pas tout à fait.

Arrière-petits-fils de Jacques Hopenstand, Rémi Defrancesco et son frère Renaud, designer diplômé de l’ECAL, se sont associés à Clémence Dubois pour réveiller la marque endormie. Comment? Avec une production haut de gamme de ceintures réversibles en cuir qui s’achètent et se customisent sur Internet.

Tentez le karung!

Si les peaux ne viennent pas toute de Suisse – il y a là des matières exotiques comme le karung, espèce de serpent aquatique à écailles – elles sont en revanche traitées à Genève. Les boucles – en palladium, chrome noir mat et or rose – sont fondues en France voisine. «Nous tenons à valoriser le savoir-faire local, explique Rémi Defrancesco. Il y a dans le coin des talents époustouflants»

Amateur d’esthétique, les frères Defrancesco tentent désormais le mariage entre l’accessoire de mode et l’art contemporain avec deux séries limitées à 20 exemplaires de ceintures commandées à des plasticiens. Une boucle minimaliste et industrielle pour l’allemand Gerold Miller et une seconde version plus sophistiquée, en fausse 3D, par son compatriote Wolfram Ullrich. Les premières pièces de cette collection sont présentées en ce moment à artgenève, le salon qui se déroule à Palexpo. Appelez cela boucler la boucle.

J. Hopenstand, artgenève 2016, 12-20h, Palexpo, jusqu’au 31 janvier, www.artgeneve.ch et www.jhopenstand.ch