Bêtisier de style
L’intelligence artificielle provoque parfois des surprises. Kendall, 28 ans, créature issue d’un générateur d’images, nous présente son look… raté

Dans ce numéro spécial du magazine T, toutes les illustrations ont été générées par différentes intelligences artificielles, assistées toutefois d’une intelligence humaine, celle du photographe lausannois Mathieu Bernard-Reymond.
Kendall, 28 ans, créature issue d’un générateur d’images
«Lorsque je suis sorti·e de mon nuage de pixels, je me suis immédiatement senti·e en décalage avec les gens que je croisais dans la rue. Il faut dire que même les enfants dans leur poussette me montraient du doigt. Malgré les quelques difformités dues à la jeunesse de mon algorithme, je pense avoir su tirer le meilleur parti de mes attributs. Quant à mon look, je l’assume sans rougir, parce qu’en 2022 tout est permis! J’aime particulièrement les tissus brodés comme des tapisseries médiévales, et je passe beaucoup de temps à accessoiriser ma silhouette façon pistolero de la Sierra Nevada.»
Visage
«A l’heure actuelle, peu d’algorithmes parviennent à générer des visages réalistes. D’une certaine manière, c’est rassurant pour le grand public, qui peut immédiatement reconnaître que l’image n’est pas une «vraie» photo. Mais pour moi, c’est un peu lourd à porter. Franchement, de quoi j’ai l’air, avec mes yeux en trou de *, mes dents de bovin et mes oreilles simiesques?»
Cou
«Aucun être humain normalement constitué n’est doté d’un cou aussi long et massif. Là, regardez bien, il est aussi large que mon crâne. Par pudeur ou par hasard, mon algorithme l’a recouvert d’un col roulé, qui cache un peu la misère. Mais j’avoue que cette étrange proportion ne m’aide pas à me faire des ami·es.»
Mains
«Les mains, c’est l’autre problème des algos: ils ne savent jamais les faire bien. Alors quand il s’agit de leur faire générer des humains réalistes, ils trichent: là, j’en ai une dans la poche, et l’autre cachée par une espèce de gant massif. Ça me donne un petit air de Capitaine Crochet qui n’est pas pour me déplaire.»
Sac
«Je l’adore. Mon algo l’a conçu comme un assemblage de ceintures. Il accessoirise parfaitement mon look de cow-boy d’opérette.»
Bottes
«Ces bottes, je ne les changerais pour rien au monde. Bien sûr, elles ont des talons de 8 cm qui me font un peu mal au dos, mais je trouve qu’elles me donnent une allure folle. Et quand je marche, elles font un bruit de grelots.»