Pierre Paulin, psychédélique
Design
A Paris, deux rétrospectives présentent le travail du designer français disparu en 2009

Ses meubles nous ramènent au temps des années molles lorsque le design réinventait le monde en l’imaginant tout pop, tout rond, tout cocon. Décédé en 2009, Pierre Paulin reste ainsi le chantre d’un style où le confort du corps passe par une sensualité de la forme. Un corps libéré des contraintes – on est dans les années 60 – qui décide alors d’adopter la station languide pour s’assurer un maximum de volupté. Dans les mémoires, Paulin reste surtout l’ensemblier du Palais de l’Elysée. Georges Pompidou préside alors la France. Avec sa femme, Claude, il cultive un art de vivre furieusement contemporain. Le siège de la présidence sera donc d’une modernité encore jamais vue sous la République. Avec l’aide des ateliers du Mobilier national, Paulin dessine des luminaires et un fumoir qui projettent le pouvoir dans un film de science-fiction. Tout en évoquant la sensualité d’un septennat qui fait jaser le Tout-Paris. Dans un autre genre, il s’occupera, mais plus tard, de l’aménagement du bureau de François Mitterrand.
Jersey élastique
D’un Pompidou à l’autre, c’est le centre d’art du même nom qui consacre à Pierre Paulin une vaste rétrospective de son travail. La galerie parisienne Pascal Cuisinier s’intéressant de son côté aux premières années du designer français. Les deux expositions montrent bien le faisceau des influences à l’œuvre au début de la carrière du créateur. Les chaises coques recouvertes de tissus colorés et les fauteuils en résille métallique rappellent la production de Charles et Ray Eames et de Harry Bertoia. Les banquettes en bois, celles des designers scandinaves. A partir des années 60, son vocabulaire se fixe. Il développe la technique du capitonnage en jersey élastique qui deviendra sa marque de fabrique. Les titres de ses meubles sonnent bien dans l’air de leur temps. Mushroom, Tongue, Ribbon… chez Pierre Paulin le mobilier s’enroule et se déroule comme dans un délire psychédélique. Dans les années 80, l’agence qu’il a fondée avec sa femme Maïa embauche Roger Tallon, le designer du TGV. Pierre Paulin poursuit sa carrière en servant de consultant aux grandes marques du Made in France: Calor, Thompson, Citroën, Tefal et la SNCF.
A l’infini
La reconnaissance viendra sur le tard. Au milieu des années 2000, l’Anglais Tom Dixon sort Pierre Paulin de sa retraite des Cévennes. Le designer et directeur artistique d’Habitat veut relancer d’anciens modèles dont le canapé Amphis créé pour l’Exposition universelle d’Osaka en 1970 et censé pouvoir se prolonger jusqu’à l’infini. En 2006, c’est Ligne Roset qui toque à la porte de Pierre Paulin avec qui elle réédite depuis certains de ces meubles les plus iconiques, comme le fauteuil Pumpkin destiné aux appartements du président Pompidou.
Pierre Paulin, jusqu’au 22 août, Centre Pompidou
Pierre Paulin, première période, 1952-1959, jusqu’au 28 mai, Galerie Pascal Cuisinier, 13 rue de Seine
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