Les objets nous valorisent, pensons-nous
Il arrive aussi que nous nous attachions à des objets parce qu’ils nous permettent de nous valoriser à nos propres yeux et, nous l’espérons, aux yeux des autres. Une grande partie de notre consommation obéit à ce désir d’avoir des biens qui attestent de notre importance. Quand nous les regardons, c’est un peu comme s’ils étaient les miroirs de la valeur que nous nous accordons.
Il existe aussi des objets complices. Ce sont ceux qui nous ont accompagnés dans des moments importants de notre vie, comme un bibelot acheté avec celle qui, plus tard, est devenue ma femme. Mais ils peuvent aussi être complices de nos cauchemars et de nos traumatismes enfouis. Nous ne pouvons pas nous séparer de tels objets parce que nous ne voulons pas oublier les souvenirs qui y sont associés, mais en même temps, nous préférons tenir ces souvenirs à une distance respectable. C’est pourquoi de tels objets sont souvent placés dans une vitrine, sous un globe ou sur une étagère élevée.
Une véritable réciprocité, parfois
Enfin, il existe des objets avec lesquels nous établissons une véritable réciprocité. Un peu comme un musicien qui utilise parfois son instrument pour en explorer les sonorités et qui, d’autres fois, se met à son écoute.
Tous ces désirs sont au cœur de nos relations aux objets, mais ils sont aujourd’hui répartis entre des objets différents. Ils seront bientôt réunis sur les robots! Ceux-ci seront à la fois, et tour à tour, nos esclaves, nos témoins, nos mémoires et nos partenaires. L’histoire de notre attachement aux objets ne fait que commencer…
Serge Tisseron, Comment l’esprit vient aux objets (PUF) et Le jour où mon robot m’aimera, vers l’empathie artificielle (Albin Michel).
A ce sujet: Il ne faudra pas trop aimer nos robots
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