Un point après l’autre. Sa main, munie d’une aiguille calée contre un bout de bois, effectue un mouvement répétitif qui petit à petit dévoile un dessin sur l’épiderme. Clémence Lagger, vêtue d’une salopette rose, est tatoueuse handpoke, une technique de tatouage artisanale. Le handpoke tattoo [littéralement «piqué à la main»] n’est qu’un anglicisme à la mode pour signifier les pratiques de tatouage traditionnelles qui se perpétuent dans de nombreuses cultures. Le tatouage est un art ancestral, datant d’il y a plus de 4500 ans, dont la fonction et la signification diffèrent selon les pays. Rite de passage chez les peuples polynésiens ou punition pour les prisonniers japonais, le poids de son histoire en fait un art longtemps marginalisé. Quant à sa démocratisation à travers le monde, elle s’est accélérée avec l’apparition de la machine électrique en 1891.