Différents types de logements protégés sont disponibles sur le marché romand. Les prix de location sont libres, mais certains loyers doivent correspondre à des normes cantonales si les locataires veulent bénéficier d’un soutien financier du canton. La plupart sont implantés en milieu urbain pour plus d’accessibilité aux commerces, aux moyens de transport et aux établissements publics. Les appartements protégés, tels que «Les Baumettes» en proximité d’un EMS sont assez répandus. En plus de limiter les barrières architecturales et de favoriser des activités collectives, ils proposent des prestations de services, de soins ou de repas à domicile. Les logements réalisés selon le standard soleurois bonacasa® proposent par exemple un vaste service à la carte assuré par différents partenaires. «Cela va de l’arrosage des plantes et de la garde des animaux de compagnie au vidage des boîtes aux lettres en passant par les courses quotidiennes et le nettoyage de l’appartement», détaille Damian Constantin, directeur de bonacasa® pour la Suisse romande. Certains appartements protégés sont intégrés dans des complexes basés sur la mixité intergénérationnelle. La Maison Mivelaz, qui regroupe 39 appartements subventionnés à Lausanne, accueille, depuis 2008, une minorité de jeunes locataires qui s’engagent à aider les seniors en cas de besoin. Une troisième catégorie concerne les habitats communautaires Domino, acronyme de DOMIcile Nouvelle Option, développé depuis la fin des années 1990 en Valais et à Genève. Le principe est simple: une dizaine de studios avec salle de bains et kitchenette sont répartis autour d’une grande pièce à vivre commune, comme si ces espaces individuels étaient les chambres à coucher d’un appartement en colocation. Les occupants recréent un chez-soi dans lequel ils retrouvent une sécurité intérieure avec leurs repères, tout en pouvant profiter d’une vie collective semblable aux établissements médico-sociaux.
«Le point commun entre ces différentes formes d’habitat est que les locataires ont un bail à loyer, une sonnette et une clé de boîte aux lettres qui leur garantissent une autonomie, pendant qu’ils sont soutenus dans leur bien-être physique et psychique par une infrastructure adéquate», analyse Philippe Diesbach, promoteur spécialisé dans ce segment du marché par le biais de coopératives d’utilité publique qui suivent actuellement six projets d’envergure dans le canton et étudient des propositions à Fribourg et à Neuchâtel. S’il semble évident que ce type d’habitat n’est pas une alternative aux établissements médico-sociaux, il devrait prendre de plus en plus d’ampleur en Suisse romande et retarder fortement l’entrée en EMS. Mais il tend vers une augmentation des prestations de soins fournis à domicile et à charge des caisses maladie. «Plusieurs questions vont donc se poser. Le financement des soins à domicile sera-t-il limité? Qui décidera de cette limite? La personne âgée restera-t-elle un assuré à part entière? Le déploiement de nouveaux habitats adaptés ouvrira forcément un débat qui concernera toute la société», prédit Patrice Lévy.
«La question du logement adapté est devenue un enjeu central pour la société de demain»