Les voiles de Mumtaz Mahal
haute couture
Une publicité façon court métrage signée Bruno Aveillan fait revivre la légende de Shah Jahan et de Mumtaz Mahal, pour qui son époux a fait construire le Taj Mahal. Une histoire d’amour qui a inspiré le fameux parfum Shalimar. Yiqing Yin a dessiné les vêtements de la campagne
Il était une fois un prince qui aimait sa femme d’un amour si fort qu’il avait fait construire le Taj Mahal pour abriter son corps. La légende de Shah Jahan et de sa reine Mumtaz Mahal avait inspiré à Jacques Guerlain son fameux parfum Shalimar, créé en 1921.
Depuis septembre, on peut voir tourner sur les écrans une publicité, presque un court métrage de 5 minutes 45 secondes réalisé par Bruno Aveillan, avec Natalia Vodianova dans le rôle de Mumtaz Mahal vêtue d’une robe aussi légère que la brume qui dévoile plus qu’elle ne cache. Une robe signée Yiqing Yin. «J’ai créé tous les costumes de ce film, confie la couturière. C’était onirique. Nous sommes partis dix jours en Inde. On vivait dans un environnement difficile, sous un soleil à 40 degrés, dans des carrières de sable, tout était sale, on n’avait que du Kiri à manger (rires), mais c’était une très jolie expérience humaine.»
Yiqing Yin a supervisé une équipe indienne qui a réalisé sur place les vêtements des figurants. Mais les robes que porte Natalia Vodianova, et les vêtements de son époux, ont été créés dans son atelier. «L’évanescence, l’or, l’eau, la chair, la peau, tous ces éléments, il fallait les illustrer avec beaucoup de légèreté. Et respecter la palette de couleurs du film, sachant que Bruno a toujours un étalonnage particulier, où tout doit se fondre harmonieusement. Qu’il n’y ait aucune cassure», explique Yiqing Yin.
Autre contrainte: que le personnage féminin porte des traces de noblesse indienne, mais sans que des signes trop distinctifs indiquent un espace et une époque définis. «La robe qui flotte autour Natalia Vodianova n’a aucune matérialité: c’est comme si elle était un esprit, souligne la couturière. Pour rendre cela, j’ai utilisé de l’organza liquide, comme de l’air. Et de la dentelle de Calais rebrodée d’or de façon abstraite. Je n’ai utilisé aucun motif figuratif reconnaissable qui nous ramène à une quelconque réalité. J’ai cherché avec le vêtement comment traduire l’éternité…»