Psychologie
La plupart du temps, les partenaires des célébrités se font méchamment zapper, ou subissent la muflerie des admirateurs. Coup de projecteur sur ces personnes «invisibles»

Elle est de sortie avec son mari, elle se tient à côté de lui en buvant l’apéro. Un(e) inconnu(e) déboule de nulle part, se poste entre eux pour saluer Monsieur (et lui tenir la jambe), tout en tournant le dos à Madame. Normal: elle n’existe pas. Voilà ce que subissent bien souvent compagnes et compagnons de célébrités.
Christine *, qui partage la vie d’une personnalité romande, s’est retrouvée à maintes reprises dans cette situation. «A l’époque où mon ami était plus médiatisé, j’étais transparente. Il avait d’ailleurs beaucoup de succès auprès des femmes, qui l’abordaient devant moi sans même voir que nous étions en couple.» Son compagnon, lui, avoue ne s’être pas immédiatement rendu compte de la situation. «J’étais trop autocentré, et complice de sa mise à l’écart.»
«Je finis en plante verte»
A coup de discussions, la donne a – un petit peu – changé. «La manière dont il m’intègre est très importante, souligne Christine. S’il me présente, me tient par la taille, les gens feront plus attention. Malgré tout, je «fais» quand même plante verte, à côté… Et si je ne suis pas avec lui, les gens ne me reconnaissent pas, même s’il m’a présentée dix fois!»
Sonia Lambiel, en couple depuis vingt-trois ans avec l’imitateur Yann Lambiel, a dû s’accommoder de ces moments désagréables, au fur et à mesure que la notoriété de son mari a augmenté. «Cela s’est installé petit à petit, et l’on en a tout de suite discuté. Ça le dérange, il est mal à l’aise pour moi! Il me présente toujours, les gens me disent bonjour poliment – pour ceux qui sont polis – puis m’ignorent. Dans cette situation, personne n’est à sa place…»
Quand les filtres tombent…
Mais pourquoi ce comportement de la part des «fans»? Pour le psychiatre et psychothérapeute Nicolas Belleux, la personne admirée devient un objet, surtout si elle est médiatisée. «Les gens regardent leurs idoles avec un autre prisme. Ils ont du mal à les humaniser. La confrontation provoque alors un mélange d’émotions tel que l’admirateur réagira souvent de manière inadéquate, jusqu’à perdre toute notion de respect de l’autre. Tous les filtres tombent, d’autant plus si le fan n’utilise pas son intelligence émotionnelle.»
Résultat: Christine comme Sonia évitent les événements médiatisés et les soirées où leur homme est en représentation. «Je le laisse dans sa sphère publique. Maintenant je sors plus facilement avec une copine qu’avec lui!» raconte Sonia: «J’ai créé ma vie.» Christine en est consciente, il est primordial de contrebalancer ces situations peu valorisantes: «Je n’ai pas un caractère à me laisser écraser. Dans le privé, on voit beaucoup plus souvent des gens qui appartiennent à mon réseau d’amis.»
Une dynamique délicate
La problématique concerne évidemment autant l’épouse du chef d’entreprise qui rayonne dans son domaine que le partenaire d’un homme politique ou le petit ami d’une actrice célèbre. Vivre aux côtés d’une personne connue, être contraint de s’effacer lors de représentations publiques, apporte une dynamique de couple délicate. Il existe évidemment plusieurs cas de figure, que décrit le Dr Belleux: «Il y a le conjoint «groupie», qui accepte d’être invisible. Le bonheur de vivre à travers son partenaire fait que cette personne est prête à ne pas exister. Ce qui est assez destructeur… Il y a aussi ceux qui contrebalancent le public par le privé: en public, le conjoint «de l’ombre» accepte de jouer ce rôle, et en privé il prend plus de place. Dans ce cas, la personnalité la plus en lumière fera tout pour revaloriser l’autre dans l’intimité.»
Mais il y a encore une autre possibilité: lorsque les deux conjoints sont en compétition pour voler la vedette à l’autre… «Cela crée des situations explosives!» assure le psychiatre. Dans tous les cas, et comme toujours, le dialogue s’impose. Mais si possible au cours d’une conversation tranquille, à la maison, sans risque de se faire interrompre net par un admirateur «bienveillant».
* Prénom d’emprunt.