Le catalogue d'idées n'est pas pour autant avare en propositions radicales. Il recommande par exemple «l'interdiction d'utiliser des moyens électroniques de communication externe active», ce qui signifie la prohibition totale du téléphone au volant, y compris les kits «mains libres». De plus, si la proposition est acceptée par le Conseil fédéral, un automobiliste ne pourra plus utiliser en roulant son système de navigation par GPS. Il ne pourra l'actionner qu'à l'arrêt. La liste prévoit aussi de fixer à 0 pour 1000 le taux d'alcoolémie pour les nouveaux conducteurs et les chauffeurs de poids lourd. L'Astag, l'Association suisse des transports routiers, a relevé hier que cette mesure est «superflue», vu que les entreprises suisses l'appliquent déjà, mais que les «chauffeurs étrangers» posent davantage problème.
L'Ofrou envisage également d'introduire des permis de conduire à durée limitée. Les conducteurs de voiture et de moto seraient contraints de suivre des cours de perfectionnement obligatoire pour obtenir une prolongation de leur permis. Les experts fédéraux préconisent de même des campagnes de sensibilisation contre l'alcool et la drogue, ainsi que pour l'encouragement du port du casque pour les cyclistes. Toutefois, l'Office fédéral des routes souligne que le port du casque à vélo pourrait être rendu obligatoire «en cas d'échec des efforts déployés». Hier, la Communauté d'intérêt vélo suisse s'est opposée à cette éventuelle obligation, arguant que beaucoup de personnes renonceraient dès lors à monter sur un vélo.
L'Ofrou espère aussi «obliger tout véhicule automobile à circuler phares allumés en permanence». Cette mesure déplaît notamment aux motards, lesquels notent que, si tous les véhicules pris dans la circulation roulent de jour avec des phares allumés, les deux-roues seront moins visibles aux automobilistes. Thomas Rorschach, porte-parole de l'Ofrou, nie que la mesure des phares allumés porte préjudice aux motards, notant que les Scandinaves ne s'en portent que mieux après l'avoir adoptée, qu'ils roulent sur deux ou quatre roues.
Magali Dubois, porte-parole du Bureau de prévention des accidents, partage cet avis. Mais, tout en étant «assez satisfaite» du nouveau catalogue d'idées de l'Ofrou, Magali Dubois regrette que des propositions aient été écartées: «Je pense notamment à l'abaissement de la vitesse maximale à 70 km/h sur des tronçons de route particulièrement dangereux. Ou le réexamen de la loi sur les motos, réexamen qui aurait rehaussé à 18 ans l'âge minimal pour conduire un motocycle.»
Patrick Eperon, du Touring Club Suisse, relève que le catalogue de l'Ofrou a le courage de ne pas éluder des «points chauds», comme l'interdiction absolue du téléphone en voiture. Mais il déplore que l'office fédéral ne dise rien de l'enjeu financier représenté par la suppression des «points noirs» sur les routes ou des «endroits potentiels à risques». «Ces aménagements des infrastructures ainsi que les campagnes de sensibilisation auront un coût, qui sera sans doute lourd, remarque Patrick Eperon. Compte tenu de la situation financière de la Suisse, les discussions sur ce point précis promettent d'être difficiles.»