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C’est un extrémiste du judaïsme qui fait cette proposition iconoclaste. Si elle n’était pas écrite noir sur blanc, on pourrait croire à une blague, comme le relèvent les réseauteurs amis des félins

Comme beaucoup d’autres pays, Israël a un problème d’animaux errants. Des chiens, mais surtout des chats, des SDF évalués au nombre de deux millions. Et qu’est-ce qu’on fait dans ces cas-là, d’habitude, donc? On castre à tout va. Seulement voilà: la loi juive interdit la stérilisation des animaux, assimilée à de la cruauté et contraire à l’injonction à «croître et se multiplier»
Aussi le ministre de l’Agriculture, Ouri Ariel, issu des rangs du très conservateur et très religieux Foyer juif, s’est-il attiré les foudres de la SPA nationale après avoir formulé cette proposition pour le moins originale: plutôt que de castrer, exportons dans un pays étranger! C’est écrit noir sur blanc dans sa lettre à son collègue de l’Environnement, Avi Gabbay: il voudrait que le budget ministériel prévu pour empêcher la reproduction soit utilisé pour le «transfert vers un pays étranger qui accepterait de les accueillir», rapporte le Yediot Aharonot: «On pourrait croire que c’est une blague», fait-il remarquer.
«Vous aurez les rats»
Ouri Ariel et son parti nationaliste d’extrême droite, par le passé, s’étaient déjà fait remarquer à la Knesset en prônant un transfert volontaire des Palestiniens. Les réactions ne se sont donc évidemment pas fait attendre suite à cette idée iconoclaste. Une internaute roumaine argumente en écrivant: «Eliminez les chats, et vous aurez les rats»… Et le député Yoel Hasson, de l’Union sioniste, dénonce le plan comme une conception «moyenâgeuse»: «Si l’on avait besoin d’une preuve supplémentaire de l’influence religieuse extrémiste sur la vie en Israël, le ministre Ariel a prouvé que nous nous dirigeons vers une théocratie.»
Quant à sa consœur travailliste Shelly Yechimovich, elle publie sur sa page Facebook une vidéo mettant amoureusement en scène son chat Pitzi, qu’elle dit, non sans humour anthropomorphique, «castré, adepte de la paix et de l’égalité, né sur cette terre, sioniste et social-démocrate». Oubliant sans doute au passage qu’il n’est pas errant, celui-là… Alors que la cheffe du parti de gauche Meretz a demandé, elle, s’il n’était «pas temps de trouver un pays étranger acceptant d’accueillir» Ouri Ariel. Ce, dans un article décapant du site du webzine + 972, qui évoque cette idée d’ailleurs reprise par un correspondant du site i24news: transférons «les ministres débiles à l’étranger», suggère-t-il.
Exportation, déportation…
Le magazine en ligne Slate décrit pour sa part la façon dont Ouri Ariel qualifie le transfert de population féline: avec les mêmes mots – condescendants – que ceux utilisés pour «les expulsions de demandeurs d’asile africains, qui ont récemment commencé à recevoir des primes» en Israël «s’ils acceptent de partir vers l’Ouganda». En réaction, la députée de l’opposition et ex-ministre Tzipi Livni a publié sur sa page Facebook une photo où on la voit jouer avec son félin: «Pas question de demander un passeport étranger pour ce petit», écrit-elle en légende, relayée par La Presse québécoise.
Enfin, Laurent Gloaguen, dit Le Capitaine, blogueur francophone établi à Montréal et éditeur d’Embruns.net, qui fait partie des leaders d’opinion sur la Toile, n’hésite pas, lui, à user d’un jeu de mots douteux en écrivant sur son compte Twitter (@embruns) que «le ministre israélien de l’Agriculture voudrait organiser une déportation massive de minous». Cet activiste du milieu LGBT fait d’ailleurs réagir un militant israélien de la même cause, Michael Attal, qui rappelle que «jusqu’à présent», Ouri Ariel proposait la même solution pour les gays.