Un jour, une idée
Ce n’est pas la dernière tocade d’un créateur à la mode, mais la meilleure façon d’assurer son évasion d’un territoire ennemi: une invention du MI9 durant la Deuxième Guerre mondiale

Une carte géographique imprimée sur du tissu: un curieux objet, vu d’aujourd’hui. Mais un outil essentiel, pourtant, il y a encore peu, pour ceux qui devaient s’orienter en terres hostiles, c’est-à-dire ennemies. Car voici en réalité une ingénieuse trouvaille, un foulard d’évasion. Pour en comprendre l’origine, il suffit de remonter quelque peu le temps.
Durant la Seconde Guerre mondiale, l’armée anglaise crée le MI9. Une organisation chargée notamment de donner aux pilotes de la Royal Air Force tombés derrière les lignes ennemies les moyens de s’évader. Christopher Clayton Hutton, officier et ancien pilote lui-même, développe alors une panoplie d’objets devant permettre aux malheureux de rejoindre par leurs propres moyens une zone alliée.
Ingénieux, simple et efficace
Le foulard d’évasion, représentant sur chacune de ses faces une carte détaillée des théâtres d’opérations sur lesquels les militaires étaient envoyés, peut aisément se dissimuler sous une ceinture ou dans un paquet de cigarettes. Imprimés d’abord sur de la soie, puis sur de la viscose afin d’en augmenter la résistance, ils s’avèrent parfaitement silencieux lorsqu’ils sont manipulés. Ingénieux, simple et efficace.
Les exemplaires proposés par Bonhomme, jeune marque française, proviennent d’un deadstock de l’armée britannique. Ce sont donc de véritables pièces historiques pouvant présenter, bien sûr, quelques imperfections, qui leur confèrent un indéniable supplément d’âme. Oslo-Stockholm/Stockholm-Riga, Chine/Indochine, Helsinki/Trondheim, Murmansk/Tromsö, Beyrouth Damas/Al Jauf, Kar’Kov/Rostov, Leningrad/Smolensk, Erzurum/Batumi, Kweilin/Fu-Shou, Namsos/Archangel’sk, Cherydin/Onega: autant de couples de cartes imprimées sur le recto verso des fameux foulards.
A l’heure de la généralisation des systèmes de navigation et de positionnement par satellite, guidant aussi bien la famille en vacances, le sportif en quête de records que l’explorateur durant la réalisation de ses exploits, la carte imprimée fait définitivement figure d’objet du passé. Lorsqu’elle s’inscrit dans une histoire aussi singulière que tumultueuse que celle de ces «carrés», elle conserve toutefois un charme inimitable.
BNHMM Bonhomme, foulards d’évasion vintage, de 92 à 189 euros.