Une marée humaine envahit Rome pour célébrer le «jubilé de l'Eglise jeune»
Jean Paul II a donné mardi le coup d'envoi des manifestations. Il a d'abord salué les Italiens à Saint-Jean de Latran, puis il s'est rendu à Saint-Pierre de Rome pour accueillir des jeunes du monde entier.
C'est une véritable marée humaine qui a envahi mardi les places de Saint-Jean de Latran et de Saint-Pierre à Rome, où Jean Paul II a ouvert officiellement les XVes Journées mondiales de la jeunesse (JMJ). Le comité d'organisation des JMJ attendait quelque 500 000 pèlerins pour l'ouverture de cette manifestation qui apparaît d'ores et déjà comme l'apothéose du jubilé. Mais rapidement, il a dû revoir ses prévisions à la hausse. Mardi, plus de 600 000 jeunes se pressaient sur les deux places en attendant l'arrivée du pape.
Peu avant 18 heures, Jean Paul II a fait son apparition sur la place de Saint-Jean de Latran où étaient réunis les jeunes Italiens. Debout dans sa papamobile, accompagné de tous les représentants des diocèses d'Italie, il a salué les pèlerins, qui lui ont réservé une belle ovation. Installé sous une immense structure de verre, il a lu son discours lentement. Un discours interrompu à plusieurs reprises par les applaudissements et les cris de la foule présente, qui scandait en cœur le nom du pape. Jean Paul II a rappelé l'importance de Rome, qui abrite les tombes des deux apôtres Pierre et Paul. «Dans cette ville qui garde les tombes et la mémoire de ceux qui ont témoigné pour le Sauveur du monde, puisse chaque jeune rencontrer Jésus, celui qui connaît le secret du véritable bonheur, et qui l'a promis à ses amis.» Jean Paul II a appelé les jeunes à laisser le Christ régner sur leur existence. Constatant l'enthousiasme de la foule, il s'est exclamé: «Le pape vit déjà depuis quatre-vingts ans et les jeunes veulent qu'il soit toujours plus jeune. Comment faire?» Avait-il aperçu cette banderole agitée par des pèlerins, sur laquelle était inscrite cette phrase: «Le pape, un jeune comme nous»?
Jean Paul II a quitté la place Saint-Jean de Latran pour se rendre ensuite à Saint Pierre, où l'attendaient impatiemment les jeunes pèlerins venus du monde entier. Accueilli par des chants et un spectacle de danse, il a souhaité la bienvenue à tous, avant de prononcer un nouveau discours: «Qu'êtes-vous venus chercher à Rome? Vous êtes ici pour célébrer votre jubilé, le jubilé de l'Eglise jeune. Votre voyage n'est pas un voyage quelconque: si vous vous êtes mis en route, ce n'est pas seulement pour des motifs de distraction ou de culture. Il ne peut y avoir qu'une seule réponse: vous êtes venus chercher Jésus-Christ!» Poursuivant son discours, Jean Paul II a ensuite abordé l'importance de la vie: «Un philosophe contemporain a souligné l'importance de la mort dans la vie humaine, jusqu'à affirmer que l'homme est un être pour la mort. Au contraire, l'Evangile met en évidence que l'homme est un être pour la vie. L'homme est appelé par Dieu à participer à la vie divine.» Le souverain pontife a ensuite parlé de sa foi, et exhorté les jeunes à prier et à se recueillir.
Mardi, la foule a commencé à déferler vers les deux places en début d'après-midi. Baskets ou sandales aux pieds, en short, en pantalon ou en jupe, bandanas, chapeaux ou casquettes à l'envers sur la tête, les jeunes ont envahi les rues de Rome, portant des drapeaux, chantant des hymnes et frappant dans leurs mains en mesure. La plupart d'entre eux sont arrivés en avion, en train ou en bus. Certains ont fait le voyage en bicyclette, en bateau, et même en voilier. D'autres ont eu le courage de venir à pied, et n'ont pas hésité à passer trois mois sur les routes pour rejoindre Rome. Outre les Italiens, les Français forment l'un des groupes les plus nombreux, avec 70 000 participants. Suivent les Polonais (40 000), les Espagnols (30 000) et les Américains (20 000). Mais la ville voit défiler des bandes de jeunes venus des cinq continents. Certains d'entre eux, pour être sûrs d'arriver ensemble sur la place Saint-Pierre, se sont encordés avec les lanières de leurs sacs à dos.
Viviane, une étudiante taïwanaise âgée de 19 ans, est venue aux JMJ pour fortifier sa foi. «Je veux voir à quel point ma religion est présente dans le monde.» Elle avoue que le pape lui est un peu étranger, et qu'elle n'écoute pas ce qu'il dit en matière de sexualité. Ce n'est pas le cas de Jason, un jeune Noir américain qui affirme respecter les prescriptions morales de l'Eglise catholique. A ses yeux, le pape est le «représentant de Dieu sur terre. Je l'admire, car c'est un leader.» Pour Léa, originaire du Pays basque, Jean Paul II est un «symbole de paix et de fraternité. Sa façon de penser n'est pas la mienne, mais je le respecte. Ce qui me frappe, c'est sa capacité à rassembler autant de monde en quelques jours. Il faut prendre du recul par rapport à ce qu'il dit en matière de mœurs.» Katarzyna enseigne en Pologne. Pour elle, «le pape est la personne qui me dit comment vivre. Quand je l'écoute, je sais que le Christ est le seul chemin pour devenir frères et sœurs.»
Quelque mille jeunes Suisses participent aux JMJ. Mardi, ils sont arrivés en chantant sur la via della Conciliazione, qui mène tout droit à la place Saint-Pierre. Le drapeau suisse bien en vue, ils ont suivi le parcours chaotique qui leur permettait d'accéder à la place. Sylvie, une Valaisanne de 21 ans, est venue à Rome pour voir le pape et approfondir sa foi personnelle. «Les jeunes doivent montrer au monde que le Christ est vivant.» A ses yeux, Jean Paul II est «l'homme le plus influent du monde». Elle l'admire, même si elle n'est pas toujours d'accord avec lui.
Certains jeunes n'ont pas eu la possibilité d'apercevoir Jean Paul II. La chaleur aidant, quelques-uns ont été pris de malaise, et emmenés par la Croix-Rouge italienne. Une autre chance leur sera donnée, samedi et dimanche, où plus d'un million de jeunes se rendront au campus universitaire de Tor Vergata pour assister à une veillée et à la messe qui clôturera ces XVes JMJ.