C’est un projet né dans un coin de ma tête, il y a plus de deux ans, et qui est devenu réalité il y a trois semaines. Soutenus par le Département cantonal de la formation, nous sommes une trentaine de journalistes affiliés à l’Association de la presse valaisanne à parcourir les cycles d’orientation de la partie francophone du canton pour former les jeunes à l’information et les sensibiliser au fléau des fake news. Avec une idée en tête: fournir quelques outils simples aux élèves pour qu’ils puissent juger de la véracité ou non d’une information.

Cela se fait en deux parties. Premièrement, leur professeur de français leur enseigne les notions de base. Qu’est-ce qu’un média? Quelles sont les caractéristiques d’une information et les spécificités d’une fake news? Qu’est-ce qu’une source?

Ce n’est qu’une fois cette première étape réalisée que nous, les journalistes, intervenons. Au travers d’exemples concrets, de vidéos explicatives ou encore d’activités, créées pour ces cours, nous les testons et leur démontrons l’importance de se questionner avant de propager une nouvelle. Et, en cas de doute, tout le monde devrait se poser ces quelques questions toutes simples: de quel média est tiré l’article? qui l’a écrit? dans quel but? à quelle date? ou encore quelles sont ses sources? Histoire de ne pas participer à la diffusion de fake news, qui en moyenne se propagent déjà six fois plus rapidement que les vraies informations.

Merci les copains

La base de ce concept, je la dois à quelques-uns de mes amis. Aujourd’hui, ils ne savent toujours pas que leur crédulité vis-à-vis de certaines fausses nouvelles ou sites de désinformation est à l’origine de ce projet (j’en profite donc pour les remercier, ils se reconnaîtront… ou pas).

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Si des trentenaires peuvent tomber dans le panneau, comment imaginer que de jeunes adolescents, qui découvrent le web et l’univers des réseaux sociaux, ne se fassent pas piéger? Après un mois à sillonner les établissements du canton, les rares doutes concernant cette interrogation sont dissipés. S’ils le disent du bout des lèvres, quelques élèves avouent avoir déjà propagé de fausses informations. Un exemple concret? Les chaînes de canulars sur WhatsApp. Ils ont déjà fait suivre une alerte à plusieurs contacts pour éviter que leur application de messagerie ne soit bloquée. Certains de leurs camarades ricanent, sous prétexte que, jamais, ils ne se seraient fait piéger. Vraiment?

Un renard cleptomane

Un concours créé spécialement pour cette formation et mêlant nouvelles insolites et fake news, que nous avons élaborées, démontre, classe après classe, que l’intuition ne suffit pas toujours. Lorsqu’on demande aux élèves de juger si un article traitant d’un renard voleur de chaussures est véridique ou non, les doutes naissent. «Ce n’est pas possible», lancent quelques élèves. Et pourtant, plusieurs habitants du village valaisan de Fully ont bel et bien été victimes de cet animal cleptomane, à l’été 2018.

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S’il est important pour les élèves – et de manière générale pour tout un chacun – de prendre quelques secondes de réflexion lorsqu’ils se retrouvent face à une information, c’est que, depuis quelques années, le consommateur de contenu n’est plus uniquement un récepteur. Avec l’émergence des réseaux sociaux, il est devenu un acteur à part entière dans la diffusion des informations, en partageant sur Facebook, en retweetant, en diffusant une nouvelle à plusieurs contacts sur WhatsApp ou via d’autres réseaux sociaux comme Instagram, Tik Tok ou encore Snapchat. Ses choix peuvent influencer ses «followers» et il peut participer, sans le vouloir, à la propagation de fake news. C’est cela que nous souhaiterions éviter.